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Plus européen que romantique

Paris
Salle Gaveau
10/19/2004 -  
Modeste Moussorgski : Une Nuit sur le Mont chauve (version Rimski-Korsakov)
Manuel de Falla : Noches en los jardines de Espana
Frédéric Chopin : Nocturnes opus 9 n° 2 et 15 n° 2
Richard Strauss : Concerto pour cor n° 1, opus 11
Charles Gounod : Ballet de «Faust»

Chantal Riou (piano), Eric Karcher (cor)
Orchestre romantique européen, Lionel Stoléru (direction)


Au cours de leur sixième saison, l’Orchestre romantique européen et son directeur musical, Lionel Stoléru – oui, l’ancien ministre, maintenant n’en parlons plus – proposent six concerts à Gaveau jusqu’au 14 juin, autour de thématiques qui déclinent le romantisme sous toutes ses formes: «Fougue romantique», «Amour romantique», «Romantisme italien», «Méditation romantique» et «Fantaisie romantique». Pour la première soirée de cette série, devant un public clairsemé, c’est la «Nuit romantique» qui était à l’honneur. Et, si l’on savait Lionel Stoléru européen convaincu, ce dont témoignait d’ailleurs un programme allant de l’Atlantique à l’Oural, il restait encore à découvrir le romantique.


Précédée de la lecture énergique de la Nuit de mai (1835) de Musset par François Beaulieu, sociétaire honoraire du Théâtre français, entrecoupée de brèves interventions d’une harpe censée évoquer la lyre du poète, la Nuit sur le Mont chauve (1867) de Moussorgski, dans sa version substantiellement révisée par Rimski-Korsakov en 1886, ne manque pas de punch, malgré des tempi retenus. Lisible, soignée et presque didactique, l’approche de Stoléru est servie par une battue précise, même si l’autonomie de la main gauche reste très partielle et si les (jeunes) instrumentistes ne se montrent pas toujours très attentifs aux départs qu’il indique pourtant très clairement.


Chantal Riou, troisième grand prix du Concours Long-Thibaud 1977, est la soliste des (post)romantiques Nuits dans les jardins d’Espagne (1915) de Falla. Couvrant un piano assez mat, l’orchestre, pas plus tenté de verser dans la facilité de la couleur locale, se révèle la véritable vedette de la partition, dont le chef français maîtrise remarquablement les grandes courbes. On se demande ensuite ce qu’apporte le chandelier placé au-dessus du clavier, alors que les lumières de la salle se tamisent: les deux Nocturnes (1831) de Chopin n’en acquerront pas autant un supplément d’âme, qu’il s’agisse de l’Opus 9 n° 2, raide et précipité, ou de l’Opus 15 n° 2, même si celui-ci semble mieux venu.


Il aura fallu attendre, en début de seconde partie, qu’une trentaine de malotrus aient bien voulu regagner leur place – sous les applaudissements ironiques des musiciens déjà installés sur scène – pour que le spectacle reprenne. On admettra d’autant plus volontiers que la présence dans cette «Nuit romantique» du Premier concerto pour cor (1883) de Richard Strauss ait été justifiée par «le soir au fond des bois» chanté par Vigny que l’oeuvre n’apparaît pas si fréquemment que cela à l’affiche. Avec un minimum de scories dans son jeu, Eric Karcher met en valeur le lyrisme et l’agilité de sa partie.


Le Ballet que Gounod dut insérer, pour l’Opéra de Paris, au cinquième acte de son Faust (1859), et ce, dix ans après sa création, renvoie naturellement à la Nuit de Walpurgis. Plus soucieux d’exactitude que de charisme, Stoléru espace excessivement le déroulement des sept morceaux, sans doute afin de permettre à sa formation de respirer – il est vrai que les cordes, décidément le point faible, y compris en effectif (vingt-deux), de tout orchestre français, même baptisé «européen», en ont bien besoin – et, à défaut de légèreté, nous ramène, aux grandes heures des kiosques à musique des villes d’eaux, même si la Danse de Phryné, tonitruante comme il se doit, ne manque pas d’allure.


Modeste bien que prenant, avec l’âge (soixante-sept ans), de faux airs de Stokowski, le directeur musical laissera les cordes seules interpréter en bis l’Allegro initial de la Treizième sérénade (1787) de Mozart, plus connue sous le nom de Petite musique de nuit.



Simon Corley

 

 

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