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Pourtant, que la montagne est belle!

Paris
Musée d'Orsay
10/19/2004 -  
Maurice Ravel : Sonate pour violon et piano n° 1
Joseph Canteloube : Chants dans la montagne

Philippe Graffin (violon), Pascal Devoyon (piano)


Dans le cadre de ses concerts du mardi à midi et demi, le Musée d’Orsay présente, jusqu’au 18 janvier, un cycle de musique française qui mêle avec bonheur célébrités (Fauré, Debussy, …) et répertoire plus original (Pierné, Schmitt, …), à l’image de ce récital donné par Philippe Graffin et Pascal Devoyon.


Joué avec sa reprise, l’unique mouvement de la Première sonate (1897) de Ravel trouve dans le violoniste français un interprète qui ne craint pas les contrastes, tour à tour frêle et puissant, suave et pudique, paisible et agité. Cette pièce posthume, qui pourrait prétendre, autant que d’autres, incarner la Sonate de Vinteuil, constituait une excellente introduction au plat de résistance de ce déjeuner musical, une œuvre due à un autre jeune compositeur de la même génération que Ravel, Joseph Canteloube (1879-1957).


Canteloube n’est certes pas un inconnu, mais force est de constater qu’au-delà des cinq livres de Chants d’Auvergne (1923-1955) qu’il a arrangés et orchestrés – et encore, donnés le plus souvent sous la forme d’extraits – il est difficile de se faire une idée précise de sa production. Graffin et Devoyon ont eu la bonne idée d’enregistrer, en novembre dernier, ses très rares Chants dans la montagne (1905), couplés avec la Première sonate (1919) de Pierre de Bréville (1861-1949), un disque qui vient de paraître chez Hyperion.


Chants dans la montagne tient à la fois de la suite – ses quatre parties constituent autant d’images aux titres évocateurs – et de la sonate, non seulement par son ampleur (plus d’une demi-heure) mais par le rappel, si franckiste, d’un thème cyclique au sens propre, en ce qu’il apparaît, entre autres, dans les premières et dans les ultimes mesures de la partition. Il est vrai que Canteloube a bénéficié, tout au long de son travail, des conseils de son aîné et maître Vincent d’Indy, Ardéchois comme lui, qui écrivait d’ailleurs au même moment Jour d’été à la montagne: le traitement des chants «auvergnats» rejoint en effet l’esprit de la Symphonie sur un chant montagnard français (Symphonie cévenole) (1886).


A l’audition, diverses rencontres surviennent: En plein vent présente une parenté avec la Sicilienne de Pelléas et Mélisande de Fauré; Soir n’a rien à envier à certaines mélodies de Tchaïkovski; Jour de fête, ludique et au caractère populaire particulièrement marqué, renvoie curieusement à une Espagne qui pourrait être celle de Chabrier; Dans le bois au printemps. Vers l’absente, malgré les avertissements de d’Indy («le debussysme sera rapidement oublié»), cède d’abord aux Sirènes – celles des Nocturnes (1899), bien sûr – avant de dérouler une phrase splendide, qui n’est autre que le début de Baïlèro, le deuxième titre du Premier livre des Chants d’Auvergne.


Ce témoignage de l’art de Canteloube avait sombré dans l’oubli: «Pourtant, que la montagne est belle!», ainsi que le chante Jean Ferrat, un autre Ardéchois (d’adoption). Car les influences que l’on perçoit ici ou là n’ôtent rien à l’importance et encore moins à l’ample respiration de ces Chants dans la montagne, servis avec passion par les deux musiciens, qui concluent par un bis astucieusement choisi: presque exactement contemporaine, la Pièce (Vocalise-étude) en forme de habanera (1907) de Ravel illustre en effet une autre manière d’intégrer des éléments folkloriques dans une écriture classique.



Simon Corley

 

 

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