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Amériques

Paris
Maison de Radio France
10/09/2004 -  
George Antheil : Ballet mécanique (*)
Heitor Villa-Lobos : La Découverte du Brésil (suites)

Guy Livingston, Franz Michel (piano), GRM (technique de diffusion)
Chœur de Radio France, Daniel Bargier (chef de chœur), Orchestre national de France, René Bosc (*), Enrique Diemecke (direction)


Dans le cadre de son week-end de concerts gratuits «Figures de maestro», il y a lieu de se demander à quel(s) maestro(s) Radio France pouvait bien penser en rapprochant deux œuvres de George Antheil et de Heitor Villa-Lobos qui ont cependant en commun d’avoir été écrites pour le cinéma. Peu importe, au fond, car c’était l’occasion d’entendre de véritables raretés, grâces en soient à nouveau rendues à René Koering.


Ainsi du mythique Ballet mécanique (1924) d’Antheil, destiné à un film de Fernand Léger. Autant que le peintre, le compositeur américain exprime ici la fascination que les objets de la modernité d’alors exercent sur lui. Dans sa version révisée en 1953, cette partition de près d’un quart d’heure et d’un seul tenant fait appel à deux pianos, deux pianos mécaniques et huit percussionnistes seulement (issus, à l’exception du pianiste Guy Livingston, des rangs de l’Orchestre national de France). Seulement, car elle avait été conçue, dans un premier temps, pour seize pianos mécaniques, puis pour huit pianos et diverses machines... Dans le rôle du maestro, René Bosc, plus connu comme directeur artistique du Festival «Présences», ordonnance ce désordre jubilatoire, presque sans répit, formé de lambeaux thématiques, où le culte du bruit et de la vitesse allié à un sens aigu de la provocation de type dada(ïste) tiennent lieu de style.


Car si l’effectif, assorti d’une rythmique puissante, sonne parfois inévitablement comme celui de Noces de Stravinski, de Ionisation de Varèse ou même de la Sonate pour deux pianos et percussion de Bartok, Antheil, plus extérieur et moins radical, se situe ici bien davantage, avec ses sonneries et ses vrombissements de moteurs diffusés par haut-parleurs, dans une esthétique futuriste et constructiviste, celle des Fonderies d’acier de Mossolov. Très spectaculaire, ce Ballet mécanique soulève l’enthousiasme d’une salle comble, de telle sorte que la coda sera bissée.


Il est heureux que Villa-Lobos revienne enfin à l’affiche à Paris et qu’il soit interprété par cet Orchestre national avec lequel il a tant travaillé dans les années 1950, comme en témoignent de nombreux enregistrements réalisés pour EMI, notamment celui des quatre suites tirées de La Découverte du Brésil (1937). Ce récit de l’expédition d’une flotte qui devait originellement se rendre aux Indes, depuis son départ du Portugal jusqu’à la première messe célébrée sur le nouveau territoire, ne pouvait qu’inspirer le chantre du métissage culturel brésilien, qui livre une fresque d’une heure et quart, naïve, optimiste et haute en couleur, dans la descendance directe de ses Chôros: veine mélodique inépuisable, orchestration bariolée, contrepoint touffu comme la forêt amazonienne, mêlant, dans la Quatrième suite avec chœur, la plus développée, hymnes religieux et mélodies amérindiennes.


Plus enthousiaste que subtil, le chef mexicain Enrique Diemecke, à la tête du Chœur de Radio France et d’un orchestre visiblement ravi de s’ébrouer dans ces grands espaces, dirige par cœur, sans baguette et avec de fausses allures de matamore: mais oui, le maestro, c’est lui, bien sûr.



Simon Corley

 

 

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