About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

De glace et de feu

Paris
Centre Pompidou
10/03/2004 -  
Sunleif Rasmussen : Cantus Borealis (création française)
Antal Dorati : Cinq pièces pour le hautbois
Haukur Tomasson : Atrennur ad einingu (création française)
Finnur Torfi Stefansson : Chaconna
Haflidi Hallgrimsson : Intarsia

Solistes de l’Ensemble InterContemporain: Sophie Cherrier (flûte), Didier Pateau (hautbois), Alain Billard (clarinette), Paul Riveaux (basson), Jens McManama (cor)


Du 27 septembre au 10 octobre, «Islande de glace et de feu», quinzaine culturelle islandaise en France, s’intéresse entre autres à la musique étonamment riche de ce pays de moins de 300 000 habitants dont – si l’on exclut le succès rencontré par Mme Gudmundsdottir (plus connue sous le nom de Björk) aux confins de plusieurs styles – seul le nom de Jon Leifs (1899-1968) a probablement franchi les frontières. C’est dans ce cadre que les solistes de l’Ensemble Intercontemporain, en formation de quintette à vent, présentaient ainsi cinq compositeurs dont les deux premier étaient originaires respectivement des Iles Féroé et, encore plus curieusement, de Hongrie.


Sunleif Rasmussen (né en 1961), prix musical du Conseil nordique en 2002 (cinq ans après Björk), a déjà eu les honneurs de la scène parisienne cette année, sa Nuit des éplorés ayant été créée dans le cadre du Festival «Présences» en janvier dernier (voir ici). Cantus Borealis (1996), ici en première française, rappelle, par son titre, Cantus Arcticus de Rautavaara et, en un sens, les soufflements des musiciens dans leur instrument, destinés à imiter le vent au début et à la fin de l’œuvre, se veulent aussi évocateurs que les chants d’oiseaux du compositeur finlandais. Mais la comparaison s’arrête là, tant ces onze minutes présentent une tonalité plus sombre, à la fois hiératique, lyrique et contrapuntique, aux timbres privilégiant le grave, Sophie Cherrier et Paul Riveaux étant également appelés à jouer de la flûte alto et du contrebasson.


Si la proximité géographique et culturelle pouvait justifier le premier choix, les Cinq pièces pour le hautbois (1981) d’Antal Dorati (1906-1988) étonnent dans ce contexte nordique, d’autant que l’interprète a presque entièrement relégué au second plan le créateur. Eclipse regrettable si l’on en juge par ces pièces destinées à Heinz Holliger, où l’humour le dispute à l’habileté de l’écriture, conférant à chacune d’entre elles un climat bien spécifique. La Cigale et la Fourmi fait entendre les deux personnages de la fable, les supplications de l’une alternant, parfois de manière très rapprochée, avec les grommellements de l’autre. Romance quelque peu mélancolique, Lettre d’amour est suivie d’un véritable tour de force, une Fugue à trois voix. La Berceuse contraste totalement par sa simplicité qui plonge ses racines dans le folklore, mais le cycle se conclut par un espiègle et insaisissable Légerdemain. Didier Pateau s’illustre dans ces brefs morceaux (douze minutes) dont on comprend aisément qu’ils soient rapidement entrés au répertoire des hautboïstes.


Par coïncidence, les trois partitions islandaises à l’affiche ont été écrites à la même époque (1991-1993) et, en fin de compte, s’apparentent plutôt au feu qu’à la glace. En création française, Atrennur ad einingu (1991) de Haukur Tomasson (né en 1960), qui vient d’obtenir le prix musical du Conseil nordique, peut se traduire par Tentatives de convergence. De fait, quatorze minutes durant, les cinq instruments se cherchent, chacun faisant bande à part, et se retrouvent parfois, dans un propos ludique, rythmé et volubile, qui, aussi étrange que cela puisse paraître, n’est pas sans évoquer l’improvisation collective qui caractérise les Chôros de Villa-Lobos et dont la redoutable difficulté de mise en place n’effraie en rien les membres de l’Ensemble.


Présent à ce concert, Finnur Torfi Stefansson (né en 1947), dans sa Chaconna (1993), livre un quart d’heure d’une musique mobile, constituée de très courtes cellules, progressant par à-coups. Ici aussi, dans une démarche peut-être un peu trop systématique, chacun semble suivre son chemin sans se soucier de l’autre, mais la poésie naît des rapprochements inattendus (de hauteur, de sonorité ou de rythme) qui surviennent inopinément, jusque dans l’accord parfait majeur final.


Pour terminer, un autre détenteur du prix musical du Conseil nordique (1986), Haflidi Hallgrimsson (né en 1941): on a peine à comprendre pourquoi seuls quatre extraits (dix-neuf minutes) des quatre mouvements de Intarsia (1992) ont été retenus, alors qu’ils en représentent les deux tiers de la durée. Avant d’être violoncelle solo de l’Orchestre de chambre d’Ecosse, un poste qu’il tint jusqu’en 1983, le compositeur a pratiqué le piccolo en autodidacte dans la fanfare de sa ville natale et c’est cet instrument qui lance le premier extrait d’une musique séduisante et animée, entre frises répétitives et ironie ligetienne. Chaque membre du quintette étant successivement mis en valeur, de façon parfois presque concertante, après les trois précédémment nommés, il serait donc injuste de ne pas mentionner Alain Billard à la clarinette et Jens McManama au cor.


Le site de Islande de glace et de feu



Simon Corley

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com