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Age tendre et tête de bois

Paris
Auditorium du Louvre
09/23/2004 -  
Serge Prokofiev : Quatuor n° 1, opus 50
Maurice Ravel : Quatuor

Quatuor Ebène: Pierre Colombet, Gabriel Le Magadure (violon), Mathieu Herzog (alto), Raphaël Merlin (violoncelle)


Au sein d’une programmation musicale très riche, l’Auditorium du Louvre propose notamment onze concerts dédiés au quatuor à cordes, qui permettront, d’ici le 8 juin, de retrouver, le mercredi à 20 heures, sept formations renommées (Ysaÿe, Emerson, Kuss, Aviv, Vogler, Takacs et Mosaïques), mais aussi de découvrir, le jeudi à 12 heures 30, trois ensembles moins connus, les quatuors Ariel, Avalon et, pour commencer ce cycle, Ebène.


Constitué en 1999, le Quatuor Ebène a remporté un deuxième prix au concours de Bordeaux l’an dernier et le premier prix au concours de l’ARD à Munich cette année. Et ce n’est que justice, car ces jeunes artistes issus du CNR de Boulogne-Billancourt et formés par les Ysaÿe au CNSMDP constituent déjà une entité cohérente, certes formée de brillantes individualités, ce dont témoigne une superbe qualité instrumentale, mais travaillant dans un même esprit et avec une cohésion exemplaire, ainsi que ConcertoNet a déjà eu l’occasion de le signaler (voir ici).


Dans le Premier quatuor (1930) de Prokofiev, la précision de la mise en place et la fluidité du discours donnent un sentiment d’évidence et de naturel, alors même que les musiciens parviennent à maintenir de part en part une magnifique intensité expressive. Si leur sonorité est globalement plus fine que ronde ou veloutée, ils n’en obtiennent pas moins une puissance et une violence rarement entendues. Cette œuvre inquiète, voire sombre, de forme inhabituelle, assez inexplicablement négligée dans la production du compositeur russe – même si son Andante final a fait une seconde carrière dans des versions pour piano ou pour orchestre à cordes – trouve ici une interprétation de très haut niveau, qui la hisse aux côtés des grandes réussites de la même époque (Bartok, Janacek, Martinu, Szymanowski, …).


Peut-être s’agit de l’inconscience de la jeunesse, mais le Quatuor Ebène ne se laisse pas écraser par le poids des références attachées au Quatuor (1903) de Ravel. Tout à la fois généreuse et fougueuse, d’une poésie frémissante (Allegro moderato), élégante, mordante et légère (Assez vif, très rythmé), sans affectation (Très lent) et animée d’un formidable élan vital (Vif et agité), leur approche énergique et colorée rompt avec bon nombre de lectures précautionneuses de cette partition.


La détente ne viendra qu’avec le bis, Footprints de Wayne Shorter, où le violoncelle se transforme en contrebasse pizzicato sempre et où le premier violon rêve, cinq minutes durant, qu’il s’appelle Grappelli.


La musique au Musée du Louvre



Simon Corley

 

 

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