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Puissance trois

Prades
Abbaye Saint-Michel de Cuxà
08/03/2004 -  
Wolfgang Amadeus Mozart : Divertimento pour trio à cordes, K. 563 (+)
Francis Poulenc : Trio pour hautbois, basson et piano (*)
Maurice Ravel : Trio avec piano (#)

Alexeï Ogrintchouk (*) (hautbois), Amaury Wallez (*) (basson), Boris Gartlitsky (+), Gérard Poulet (#) (violon), Bruno Pasquier (+) (alto), Alain Meunier (+), Philippe Muller (#) (violoncelle), Mikhaïl Rudy (#), Lydia Wong (*) (piano)


Pour sa cinquante-troisième édition, qui se tient du 26 juillet au 13 août, le Festival Pablo Casals propose trente-sept manifestations qui, comme chaque année, associent les meilleurs chambristes, habitués et nouveaux venus, aussi bien à Prades (Eglise Saint-Pierre et, surtout, Abbaye Saint-Michel de Cuxà) que dans les villages avoisinants. Durant leur séjour dans le Conflent, bon nombre des musiciens s’impliquent également dans une «Académie européenne de musique», dont les cent cinquante étudiants donnent neuf concerts gratuits.


En cette année qui a vu l’entrée de dix nouveaux Etats dans l’Union européenne, le festival s’intitule «Bienvenue en Europe»: son directeur musical, Michel Lethiec, a donc mêlé aux grands classiques, toujours à l’honneur à Prades, des compositeurs, contemporains ou non, originaires des vingt-cinq pays membres, au travers de onze programmes dont chacun est plaisamment sous-titré «Opus N» (où N désigne l’année d’adhésion de ces pays à l’Union européenne). Deux rencontres sont par ailleurs organisées avec quatre de ces compositeurs, Deirdre Gribbin (Irlande), Ayis Ioannides (Chypre), Claude Lenners (Luxembourg) et Uros Rojko (Slovénie).


Enfin, le festival, qui, comme chaque saison, présentera en janvier prochain trois soirées au Théâtre des Champs-Elysées, intégralement dédiées à Mozart, continue de faire preuve d’un dynamisme sans relâche, en veillant en même temps à enrichir le répertoire par la création d’un concours international de composition: en avril prochain, un jury constitué de compositeurs (Dalbavie, Halffter, Penderecki) et d’interprètes (Michel Lethiec, Vladimir Mendelssohn, Arto Noras, Barry Douglas) sélectionnera une œuvre d’un compositeur de moins de quarante ans, d’une durée de dix à vingt minutes, écrite pour trio, quatuor, quintette ou sextuor et comprenant nécessairement - Casals oblige - un violoncelle.


Cela étant, toutes ces évolutions ne se font en rien au détriment de l’esprit qui a toujours prévalu à Prades, pas plus qu’elles ne remettent en cause l’échelle humaine de cet événement, ce dont témoignait le programme dense et copieux proposé autour de différentes variantes de trios, emblématique de la concentration de talents que le festival est à même de réunir.


Avec le Divertimento (1788) de Mozart, le chiffre trois (trois instruments, trois bémols à la clé, deux fois trois mouvements, ...) témoigne de la signification maçonnique de la partition. Egalité et fraternité trouvent en outre leur résonance dans une écriture qui ne cantonne aucun des musiciens à un rôle secondaire, tout en permettant à chacun de s’épanouir librement: le violon fin et contrasté, volontiers séducteur, de Boris Gartlitsky, l’alto généreux de Bruno Pasquier et le violoncelle imperturbable de maîtrise, sachant toujours s’effacer devant ses partenaires, d’Alain Meunier communient ainsi dans une même unité stylistique. Car s’ils soulignent l’ampleur inhabituelle (trois quarts d’heure) de ce sommet intimidant de la littérature pour trio à cordes, dont ils observent toutes les reprises, ils n’en délivrent pas moins un discours vibrant et naturel, tour à tour rebondissant ou à fleur de peau, suscitant de la part du public une rare qualité d’écoute.


En seconde partie, le choix de Poulenc et de Ravel n'était en rien incongru, tous deux ayant toujours reconnu une dette à l’égard de Mozart, même si cette influence est, en l’espèce, nettement plus sensible dans le Trio pour hautbois, basson et piano (1926) de Poulenc. La pianiste Lydia Wong y arbitre une formidable joute entre le hautbois à la verve exubérante et à la sonorité tantôt perçante ou veloutée d’Alexeï Ogrintchouk, et le basson sombre, ironique ou lyrique d’Amaury Wallez.


Dans le Trio (1914) de Ravel, écrit pour une formation beaucoup plus usitée que celle des deux précédents trios, on retrouve avec plaisir des ravéliens aussi incontestables que Gérard Poulet, au lyrisme à la fois chaleureux et fragile, et Philippe Muller, plus retenu et objectif. Mikhaïl Rudy, en revanche, surprend davantage, ayant tendance à noyer sous la pédale la découpe du texte et à vouloir parfois passer en force. Mais l’engagement et la prise de risque soulèvent l’enthousiasme des spectateurs, qui obtiennent que le Pantoum soit bissé.


Le site du Festival Pablo Casals



Simon Corley

 

 

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