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Deux pianos au vert (sur Oise)

Paris
Auvers-sur-Oise (Eglise Notre-Dame)
06/25/2004 -  
Ludwig van Beethoven : Symphonie n° 9, opus 125
Franz Liszt : Concerto pathétique – Réminiscences de «Don Juan»

Boris Berezovsky, Brigitte Engerer (piano)


A l’occasion de sa vingt-quatrième édition, qui se tient jusqu’au 2 juillet, le Festival d’Auvers-sur-Oise propose treize concerts autour de trois lignes de force: Mozart, Shanghai (dans le cadre de l’Année de la Chine) et Thierry Escaich. Sans grand rapport avec cette triple thématique, le récital à deux pianos de Boris Berezovsky et Brigitte Engerer, régulièrement associés depuis quelques années, avait attiré la foule des grands jours dans l’église Notre-Dame. L’un des attraits du festival est en effet de s’inscrire dans un patrimoine d’exception: impossible de ne pas penser à van Gogh, plus particulièrement à sa Nuit étoilée qui inspira à Dutilleux son triptyque Timbres, espace, mouvement. Du point de vue de l’acoustique, le résultat est agréablement satisfaisant, avec des tutti point trop saturés, même si les passages rapides souffrent d’une certaine confusion.


Le programme présentait un déroulement curieusement déséquilibré, le choix ayant été fait de conclure par les pièces de bravoure plutôt que par le plat de résistance. C’est donc avec la Neuvième symphonie (1824) de Beethoven – donnée en version originale, quatre jours plus tôt, dans un édifice religieux non moins prestigieux, la basilique de Saint-Denis (voir ici) – que débutait la soirée: si Liszt avait réussi à réduire à un seul piano les huit premières symphonies, les forces orchestrales et vocales en présence l’ont ici contraint à recourir à un second pianiste et, plus que jamais, son travail met en exergue la portée révolutionnaire du discours. Engerer et Berezovsky ont déjà joué ensemble cette Neuvième il y a un an et demi à la Cité de la musique (voir ici) et leur interprétation, émaillée d’un nombre surprenant de scories, n’a pas fondamentalement évolué dans sa conception: lisztienne, en un sens, par son exaltation de la virtuosité digitale davantage que de la profondeur ou de la poésie du propos (le mouvement lent en devient presque une aimable romance), mais également beethovénienne, avec des accents bien marqués et un tempérament énergique.


En seconde partie, Liszt compositeur prenait le pas sur Liszt arrangeur, avec d’abord son Concerto pathétique (1856): Berezovsky, désormais au premier piano, déploie une formidable force de conviction dans cette œuvre qui en demande sans doute beaucoup, même si sa partie centrale, d’un lyrisme passionné, interrompt heureusement le flot tapageur de notes, de gammes et d’arpèges.


Dans le même esprit, les deux pianistes consentent ensuite l’unique clin d’œil de la soirée aux thématiques de ce festival, avec les Réminiscences de «Don Juan» (1841), fondées sur quatre thèmes issus de l’opéra de Mozart: successivement les menaces proférées par la statue du Commandeur au cours de la scène du cimetière, avec les gammes ascendantes et descendantes du début de l’ouverture, puis le duo Là ci darem la mano, qui fait l’objet, comme chez Chopin quinze ans plus tôt, d’une série de variations, et une péroraison endiablée sur l’air Fin ch’han dal vino, avant le retour des sombres accords associés au Commandeur.


Les bis réunissent la Française et le Russe dans un quatre mains qui démontre leur parfaite complicité, avec, en deux fois, trois puis deux des Liebesliederwalzer (1869) de Brahms, et une superbe transcription de deux des Danses polovtsiennes extraites du Prince Igor (1879) de Borodine.


Le site du Festival d’Auvers-sur-Oise



Simon Corley

 

 

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