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Par delà les clichés

Metz
Opéra
06/06/2004 -  et 8, 10*, 12 juin 2004
Giacomo Meyerbeer : Les Huguenots
Rockwell Blake (Raoul), Alketa Cela (Valentine), Sally Silver (Marguerite), Philippe Kahn (Marcel), Jean-Philippe Marlière (Saint-Bris), Ivan Ludlow (Nevers), Hjördis Thebault (Urbain), Christophe Mortagne (De Cossé), Paul Kirby (Tavannès)
Orchestre National de Lorraine, Chœurs de l’Opéra de Metz, Jeremy Silver (direction)
Laurence Dale (mise en scène)


Meyerbeer. Ce nom suscite une foule de clichés, presque toujours négatifs : «Grand opéra français», pompeux, long, ennuyeux... Il a quasiment disparu des scènes lyriques et seul le cent quarantième anniversaire de sa disparition provoque cette année quelques timides tentatives, comme ces Huguenots (1836) à Metz, avant L’Africaine à Strasbourg, mais rien à l’Opéra de Paris qui pourtant, de son vivant, le portait au pinacle. Cet oubli est-il justifié ? Dire que la musique de Meyerbeer est facile et complaisante c’est prendre le problème du mauvais côté, constatons plutôt que le compositeur exalte dans son œuvre l’opéra comme genre, avec toutes ses conventions, ses règles, les clés de son succès. Duos amoureux, vocalises, vastes scènes chorales, la basse de service et son grand air, retournements de situation, combats d’escrime, coups de feu, final tragique, tout y est ! Cette mise en valeur de toutes les ressources du théâtre lyrique se fait, dirons nous, au dépend d’une certaine substance, d’une certaine crédibilité (contrairement à Verdi qui, lui, saura transcender ces conventions dans Don Carlos). Mais passé le kitsch de certaines répliques et attitudes, avouons le, on ne peut que succomber à la somptuosité vocale qui se déploie devant nous, Meyerbeer avait l’amour de la voix et il nous le communique. C’est un peplum, mais on peut être cinéphile et apprécier ce genre ! A la fin de ce voyage de cinq heures, avec deux entractes, on ressort fourbu mais heureux.


Mais pour rendre justice à de telles œuvres il faut absolument disposer d’un irréprochable plateau vocal et c’est heureusement le cas pour cette production messine. On retiendra les noms de Alketa Cela (Valentine) - timbre somptueux, assurance de l’expression - et de Sally Silver (Marguerite) - amples moyens vocaux, vérité dramatique - chez les femmes. Chez les hommes, la basse Philippe Kahn campe un Marcel imposant et sensible tandis que Rockwell Blake, malgré un timbre parfois un peu aigre, incarne un très beau Raoul. On note également la belle prestation de l’Orchestre National de Lorraine, accompagnateur sûr et qui ne couvre jamais les voix. Sobre, efficace et progressivement dramatique à mesure que l’opéra s’achemine vers le massacre des Protestants, la mise en scène de Laurence Dale s’avère remarquable.


Ce timide retour en grace vaudra-t-il à Giacomo Meyerbeer une meilleure reconnaissance ? L’Opéra de Paris a monté Guillaume Tell de Rossini, Guerre et Paix de Prokofiev, Salammbô de Fénelon, il n’a aucune raison de ne pas donner Les Huguenots, Robert le Diable ou Le Prophète !



Philippe Herlin

 

 

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