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Domingo: des hauts et des bas

Madrid
Teatro Real
05/15/2004 -  et les 18, 20, 21 mai et 2, 4, 5*, 7, 8 et 11 juin 2004
Piotr Ilich Tchaikovsky: Pikovaya Dama (La Dame de Pique)
Placido Domingo/Ian Storey (Herman), Nikolai Putilin/Pavlo Hunka (le Comte Tomsky), Albert Schagidullin (le Prince Yeletsky), Francisco Vas (Tchekalinsky), Miguel Angel Zapater (Surin), Emilio Sanchez (Tchaplitsky), Javier Franco (Narumov), Cesar de Frutos (le Maître de cérémonie), Elena Obraztsova/Viorica Cortez (la Comtesse), Hasmik Papian/Natalia Ushakova (Lisa), Nancy Fabiola Herrera (Polina/Dafnis), Sofia Aksenova (l’institutrice), Maria José Suarez (Masha), Maria Rey-Joly (Cloe)

Orchestre et Chœur du Teatro Real, Jesus Lopez Cobos (direction musicale), Gottfried Pilz (mise en scène, reprise par Vera Lucia Calabria)


Alors que ses illustres collègues des Trois Ténors sont quasiment à la retraite, Placido Domingo continue d’avoir un agenda démentiel, se produisant inlassablement sur les plus grandes scènes du monde entier. A plus de 60 ans pourtant, il n’a plus la même forme physique qu’auparavant, comme en témoigne le malaise survenu au cours du 1er acte de la représentation de La Dame de Pique à Madrid le 8 juin, malaise qui l’a contraint à déclarer forfait. Le même incident s’est déjà produit récemment à Vienne, à New York et à Milan. Heureusement, le ténor de la deuxième distribution, Ian Storey, était présent, et c’est lui qui a repris le spectacle à partir du 2e acte. La soirée était retransmise en direct par la radio espagnole. A noter que Placido Domingo est censé assurer la représentation du 11 juin, pour laquelle est annoncée la venue de la famille royale espagnole.

Trois jours auparavant, le 5 juin, c’est un Domingo en pleine forme qui était monté sur scène, pour le plus grand bonheur de ses nombreux fans madrilènes. Herman est un personnage qui convient parfaitement à ses moyens vocaux actuels, étant donné que le registre aigu n’est pas trop mis à contribution. Hormis quelques crispations au début de la soirée, la voix a rapidement trouvé toute sa plénitude et les notes étaient toujours bien assurées. Quant à l’acteur, il n’était pas en reste, campant un héros particulièrement sombre et renfermé, constamment rongé par le doute. Sans conteste, un des plus grands rôles de la longue carrière de Domingo.


Peut-être le ténor a-t-il été particulièrement inspiré face à la Lisa de Natalia Ushakova. Malgré quelques problèmes d’intonation, la jeune soprano russe a fait montre d’une excellente technique, et aussi de beaucoup d’abattage scénique, ce qui ne gâche rien. Un nom à retenir. Le Prince Yeletsky d’Albert Schagidullin n’a malheureusement rien d’aristocratique dans son chant, même si le personnage est touchant dans ses efforts pour essayer de se rapprocher de Lisa. A signaler dans les rôles secondaires les excellentes prestations de la soprano Maria José Suarez en Masha et de la mezzo Nancy Fabiola Herrera en Polina/Dafnis. A l’applaudimètre final, Domingo partage la vedette avec Elena Obraztsova, qui se taille un joli succès personnel avec une Comtesse autoritaire et spectrale à souhait. Pendant ses pianissimi à la fin de son grand air, le public est resté parfaitement silencieux, comme suspendu à son chant.


La production de Gottfried Pilz, montée pour la première fois à l’opéra de Los Angeles, dont Placido Domingo est le directeur général, offre de beaux tableaux d’ensemble, aux couleurs différentes pour chaque scène. Le plateau fortement incliné ne facilite pas la tâche des chanteurs et les mouvements de foule paraissent tout droit sortis d’un show hollywoodien. Cependant, le point fort du spectacle est de laisser ouverte jusqu’à la fin la question de savoir si Herman est sincèrement amoureux de Lisa, alors que pour bien des metteurs en scène, il ne cherche à voir la jeune fille que pour se rapprocher de sa grand-mère. Dans la fosse, Jesus Lopez Cobos propose une lecture raffinée et nuancée de l’ouvrage, mais on aurait souhaité ça et là plus d’emphase et de passion.





Claudio Poloni

 

 

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