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La relève Paris
Théâtre du Châtelet
05/31/2004 -
Carl Maria von Weber : Oberon, ouverture, J. 306
Francis Poulenc : Concerto pour orgue
Igor Stravinski : Le Sacre du printemps
Jacques Taddei (orgue)
Orchestre du Conservatoire supérieur de Paris (Conservatoire national de région), Jean-Claude Casadesus (direction)
A l’image de leurs camarades du Conservatoire national supérieur de musique et de danse (CNSMDP), les étudiants du Conservatoire supérieur de Paris (c’est-à-dire du Conservatoire national de région, CNR) présentent régulièrement (et gratuitement) en concert leur travail en formation orchestrale, un apprentissage naturellement indispensable, même aux rares qui feront ensuite une carrière soliste. Et cette reconnaissance publique n’est que justice: non seulement il faut se souvenir que l’un des tout premiers orchestres français, celui qui créa à Paris les symphonies de Beethoven, fut l’Orchestre du Conservatoire – qui devint bien plus tard la Société des concerts du Conservatoire puis l’Orchestre de Paris – mais la qualité de ces prestations ne se dément jamais, comme si l’attention et la concentration de ces ensembles pourtant constitués pour un seul spectacle venaient compenser l’expérience et l’ancienneté des institutions bien établies.
Pour la circonstance, sous l’autorité de Pierre-Michel Durand (qui dirige au CNR le département de formation à l’orchestre), les professeurs qui avaient préparé ce programme avec les jeunes musiciens étaient issus des principales phalanges parisiennes: Orchestre de l’Opéra national de Paris (Gilbert Audin, Vladimir Dubois, Pierre Dumail, Laurent Lefèvre, Claude Lefebvre, Jacques Mauger, Laurent Verney), Orchestre de Paris (Jean-Claude Jaboulay, Vincent Lucas, Frédéric Macarez, Vincent Pasquier), Orchestre philharmonique de Radio France (Gérard Boulanger, David Maquet, Daniel Raclot), Orchestre national de France (Luc Héry, Olivier Devaure), Ensemble orchestral de Paris (Richard Vieille). Et, pour les étudiants, au-delà d’une simple étape dans un cursus qui doit les conduire à intégrer un orchestre, nul doute qu’il restera le souvenir d’un contact avec la scène, surtout lorsqu’il s’agit une belle salle chargée d’histoire telle que le Châtelet, et d’un travail avec un chef réputé pour son charisme, Jean-Claude Casadesus.
Déroulement classique pour cette soirée, avec, comme il se doit pour débuter, une ouverture, celle d’Oberon (1826) de Weber, d’une formidable vitalité, où l’interprétation fait prévaloir le caractère acéré des rythmes sur le moelleux des épisodes mélodiques. Jacques Taddei, directeur du CNR depuis 1987, était ensuite le soliste du Concerto pour orgue (1938) de Poulenc: il aura ainsi certainement été convaincu in vivo de la qualité de ses troupes, conduites par Casadesus dans une vision romantique, dramatique et mordante, montrant de façon assez inhabituelle que cette musique tient parfois de Saint-Saëns ou de Tchaïkovski. En bis, l’organiste se lance dans une plaisante et virtuose fantaisie sur Il court, il court, le furet et, avec une forte dose d’autodérision, Frère Jacques.
Le Sacre du printemps (1913) de Stravinski demeure, quel que soit l’orchestre, une œuvre difficile à mettre en place. Ici, si l’on excepte quelques départs anticipés, elle aura été irréprochable, offrant même une lisibilité impressionnante d’une partition qui fourmille pourtant de détails trop souvent négligés. Le défi technique se perçoit peut-être au travers d’une prudence excessive, d’une sagesse et d’un manque de spontanéité qui ne sont sans doute que le revers d’une remarquable prestation instrumentale. Mais cela n’empêche nullement Casadesus d’établir une atmosphère oppressante, sauvage et sensuelle, parvenant même enfin à libérer les énergies dans les conclusions des deux parties du ballet (Danse de la terre et Danse sacrale).
Simon Corley
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