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Paris-Varsovie

Fontainebleau
Château (Salle de la Belle cheminée)
05/29/2004 -  
Grazyna Bacewicz : Quatuor n° 4
Karol Szymanowski : Quatuor n° 2, opus 56
Frédéric Chopin : Concerto pour piano n° 2, opus 21

Quatuor Szymanowski: Marek Dumicz, Grzegorz Kotow (violon), Vladimir Mykitka (alto), Marcin Sieniawski (violoncelle) – Brigitte Engerer (piano)


Après la République tchèque et la Hongrie, c’est la Pologne qui fait cette année office de fil rouge pour la cinquième édition des «Rencontres musicales» de ProQuartet. Et ce concert illustrait très intelligemment l’intensité des affinités musicales entre ce pays et la France.


Grazyna Bacewicz (1909-1969) a étudié à Paris durant deux années (1933-1934), auprès de Nadia Boulanger (qui a d’ailleurs durablement marqué de son action le Conservatoire américain de Fontainebleau). Cette influence française s’entend dans son Quatrième quatuor (1950), dont le néoclassicisme au contrepoint serré, l’harmonie pimentée et le ton robuste évoquent Roussel, même si l’infatigable continuité du discours ou de sombres couleurs slaves rappellent aussi respectivement Martinu ou Chostakovitch. En trois mouvements de vingt-trois minutes, cette musique n’appartient certes pas encore à la génération de Lutoslawski, sans parler de celle de Penderecki, et n’effrayait sans doute pas les censeurs staliniens, mais, sans académisme ni optimisme de façade, elle vit par son lyrisme, qui fait la part belle à l’alto et au violoncelle, et par son humour, notamment dans un Allegro giocoso final de veine haydnienne, à l’écriture légère et syncopée.


C’est à Paris, où il venait de constituer une «Association des jeunes musiciens polonais» (regroupant notamment – outre Bacewicz – Szeryng et Perlemuter), que Szymanowski a achevé son Second quatuor (1927). Pourtant, c’est ici le terreau national qui, dans la manière typique de la dernière période du compositeur, enrichit le propos d’une verdeur et d’une énergie «brutes de décoffrage», même si – et peut-être faut-il y voir une incidence de son séjour parisien – le premier mouvement conserve quelque chose du raffinement ravélien. En trois mouvements comme le Quatrième quatuor de Bacewicz, sa forme et surtout son langage présentent toutefois une originalité et une puissance qui le portent sur le même plan que de grands quatuors quasi contemporains et d’inspiration «nationale» – le Troisième (1927) de Bartok, le Second «Lettres intimes» (1928) de Janacek ou le Troisième (1929) de Martinu – surtout lorsqu’il est restitué par des archets aussi remarquables que ceux du Quatuor Szymanowski, dont la combinaison de rigueur et de fougue fait penser – il y a pire comparaison – aux Prazak, quoique avec une sonorité très différente.


Inutile, bien évidemment, de s’appesantir sur les relations entre Chopin et la France. Il y a une bonne dizaine d’années, Jean-Marc Luisada avait popularisé une version de son Premier concerto pour piano dans laquelle l’accompagnement était réduit à un quintette à cordes. Ici, le Second concerto (1829) ressemble à un faux quintette avec piano, faux en ce sens que l’orchestre – à l’écriture contestée et au rôle secondaire – doit tenir dans un quatuor à cordes. Au demeurant, l’arrangement, dont il n’est pas précisé à qui il est dû, bute sur quelques difficultés (par exemple l’appel final de cor, au violoncelle puis à l’alto) et s’autorise quelques anachronismes (de brefs passages col legno dans le même mouvement). Dans les quelques interventions que lui concèdent la partition… et l’acoustique (très favorable au piano), le Quatuor Szymanowski, malheureusement sous-employé, fait preuve d’un engagement très romantique, saisissant les notes à bras-le-corps. Dans le même esprit, c’est Brigitte Engerer qui tient la partie soliste: si sa puissance légendaire est parfois mise à contribution, en particulier dans un solide Allegro vivace final, elle sait doser son effort, laissant largement la place à la souplesse et au rubato.


En deux bis séparés, le Quatuor Szymanowski présente une intrigante transcription de l’Etude opus 10 n° 6 en mi bémol mineur (1833) puis Brigitte Engerer interprète le Nocturne en ut dièse mineur opus posthume (1830).



Simon Corley

 

 

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