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Référence

Fontainebleau
Château (Salle de la Belle cheminée)
05/15/2004 -  
Joseph Haydn : Quatuor n° 78 «Lever de soleil», opus 76 n° 4
Dimitri Chostakovitch : Quatuor n° 11, opus 122
Johannes Brahms : Quatuor n° 1, opus 51 n° 1

Quatuor Alban Berg: Günter Pichler, Gerhard Schulz (violon), Isabel Charisius (alto), Valentin Erben (violoncelle)


Pour la première journée bellifontaine de ses cinquièmes «Rencontres musicales» inaugurées la veille à Nemours par le Quatuor Aviv (voir ici), ProQuartet avait invité rien moins que le Quatuor Alban Berg, qui, depuis sa constitution en 1970, est sans doute à l’univers du quatuor ce que les Philharmonies de Vienne et de Berlin sont à celui de l’orchestre: des références absolues dont, au fond, on attend nécessairement perfection et émerveillement. Rien de plus dangereux, dans ces conditions, que de tels concerts, tant les espérances sont grandes mais, malgré une acoustique légèrement trop réverbérante (celle de la Salle de la Belle cheminée du Château, au demeurant presque entièrement remplie) et quelques scories inhérentes au «direct», l’objectivité oblige à reconnaître qu’elles n’auront pas fondamentalement été déçues.


Les Berg se présentent sans leur altiste, Thomas Kakuska, remplacé par Isabel Charisisus, une musicienne qui a déjà travaillé avec eux en quintette. Mais la donne n’en semble pas fondamentalement modifiée, tant ils imposent, dès le Soixante-dix-huitième quatuor «Lever de soleil» opus 76 n° 4 (1797) de Haydn, une formidable précision de mise en place ainsi qu’une sonorité mêlant finesse et velouté, presque maniérée tant le son paraît ici ou là trop soigné et contrôlé. Ils optent en même temps pour une approche prébeethovénienne plus que classique, pleine d’énergie, soulignant les aspérités du discours, aux attaques cinglantes et au rubato assumé.


On les attend probablement moins dans l’esthétique d’un Chostakovitch, même s’ils le jouent régulièrement, mais la densité du Onzième quatuor (1966) leur convient parfaitement. Bien sûr, le jeu est peut-être trop «propre», trop viennois dans cette manière si subtile de glisser d’une note à l’autre, et l’on peut certainement concevoir ici quelque chose de plus grinçant ou grotesque, mais la puissance (Récitatif), l’expression (Elégie) et l’errance (Finale) ne font nullement défaut.


En seconde partie, le Quatuor Alban Berg s’approprie complètement le Premier quatuor (1873) de Brahms, autre partition également sous forte influence beethovénienne. Haute en couleurs, bien loin de l’austérité que l’on a pu prêter à l’œuvre, son interprétation fait ressortir les contrastes entre le caractère altier et péremptoire, mais aussi frémissant voire violent, aux timbres parfois rauques, des mouvements extrêmes, en même temps que les teintes chaudes, les effusions et la souplesse de la Romance et de l’Allegro molto moderato e comodo.


La formation autrichienne offre un bis époustouflant, le Molto allegro final du Quatorzième quatuor (1782) de Mozart, où l’attention portée à chaque note se conjugue à une vitalité éblouissante et où le discours est empoigné, magnifié, mais jamais dénaturé. Un véritable miracle d’intelligence et de virtuosité.



Simon Corley

 

 

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