About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Exception

Paris
Théâtre des Bouffes du Nord
05/02/2004 -  
Ludwig van Beethoven : Variations sur des thèmes de «Judas Maccabée» de Haendel, WoO 45, et de «La Flûte enchantée» de Mozart, WoO 46 – Sonates pour violoncelle et piano n° 1, opus 5 n° 1, et 3, opus 69
Anton Webern : Trois petites pièces, opus 11

Jean-Guihen Queyras (violoncelle), Alain Planès (piano)


S’il s’est d’abord fait connaître dans la musique de notre temps, en tant que soliste de l’Ensemble intercontemporain durant une dizaine d’années, Jean-Guihen Queyras se consacre en même temps au répertoire baroque, comme en témoigne sa collaboration avec le Concerto Köln et l’Orchestre baroque de Fribourg, mais aussi à la période romantique: ainsi, avant le Concerto de Dvorak qu’il interprétera le 26 mai prochain avec l’Orchestre de Paris, il donnait un récital presque intégralement consacré à Beethoven.


Programme apparemment rabâché, mais – le violoncelliste ne s’est pas vu décerner en vain le Prix de la Fondation Glenn Gould en 2002 – dont l’intérêt ne faiblira pas le moindre instant durant les deux parties du concert, constituées chacune d’un cycle de variations et d’une sonate. On le doit d’abord au jeu de Queyras: sonorité fine et élancée, nette et précise, plus que grasse ou ronde, mais non dépourvue de puissance ou de legato, articulation d’une clarté exemplaire, phrasés remarquablement construits. Comme c’est Alain Planès (également un ancien de l’Intercontemporain, au demeurant) qu’il a choisi pour le seconder – car on ne peut parler ici d’accompagnement, tant l’équilibre entre les deux musiciens est idéal – la satisfaction est presque totale, ne serait-ce, non sans étonnement, le jeu parfois un peu dur du pianiste français, notamment en première partie.


Au-delà de ces immenses qualités, c’est l’approche des œuvres qui force l’admiration. En effet, le Beethoven de jeunesse est ici poussé dans ses derniers retranchements et résolument tourné vers la modernité, comme dans ces Variations sur See the conqu’ring hero comes de Judas Maccabée de Haendel (1796), inhabituellement abruptes et expressives à la fois. Il en va de même dans une Première sonate (1796) dramatique et contrastée, depuis l’introspection jusqu’à l’exubérance, mais qui, sans concessions décoratives, reste de la musique pure, où l’esprit innovant et ludique issu de Haydn est particulièrement mis en valeur. Dans les Variations sur le duo (Pamina/Papageno) Bei Männern, welche Liebe fühlen extrait de La Flûte enchantée de Mozart (1801) – et non sur l’air de Papageno Ein Mädchen oder Weibchen, comme annoncé par erreur dans le programme – Queyras ne se contente pas de briller, mais recherche une intériorité qui semble vouloir correspondre à la visée philosophique du livret de l’opéra.


Précédé des brévissimes Trois petites pièces (1911) d’Anton Webern – où l’on admire la capacité du violoncelliste, entre subtilité arachnéenne et violence éruptive, à susciter autant de poésie avec si peu de notes – le Beethoven de la maturité, en l’espèce celui de la Troisième sonate (1808), est traité avec une autorité et un naturel qui combinent un engagement total avec une parfaite intelligence du texte. Offerte en bis, la troisième et dernière partie du Conte (1910) de Leos Janacek vient couronner un récital d’exception.



Simon Corley

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com