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Divertissements

Paris
Salle Cortot
04/10/2004 -  
Carl Maria von Weber : Der Freischütz (ouverture), J. 277 (adaptation Heinrich Schantl)
Michael Haydn : Divertimento pour violon, violoncelle et contrebasse en ut, P. 99
Carl Nielsen : Serenata in vano, FS 68
Richard Strauss : Till Eulenspiegel (adaptation Franz Hasenöhrl)

Philippe Cuper (clarinette), Henri Lescourret (basson), Daniel Catalanotti (cor), Jean-Claude Bouveresse (violon), Etienne Cardoze (violoncelle), Eckhard Rudolph (contrebasse)


Comme la plupart de leurs collègues de la capitale, les solistes de l’Ensemble orchestral de Paris offrent régulièrement de courtes séances de musique de chambre (trois quarts d’heure) le samedi après-midi à la salle Cortot, auxquelles ils associent des artistes invités. Ainsi, pour ce dernier concert de la saison, Philippe Cuper, supersoliste à l’Opéra de Paris, et Henri Lescourret, basson solo de l’Orchestre national d’Ile-de-France étaient-ils de la fête. L’initiative est d’autant plus intéressante que les musiciens prennent la peine, en quelques mots, de présenter au public les quatre œuvres choisies, toutes placées sous le signe du divertissement.


Le programme débutait par un défi assez inattendu: la transcription pour clarinette, basson et cor de l’ouverture du Freischütz (1821) de Weber. On se demande quelle pouvait être la finalité d’un tel exercice, dû, au tournant du siècle dernier, au corniste autrichien Heinrich Schantl: si les arrangements visaient en effet à diffuser de la musique symphonique ou lyrique auprès des amateurs, force est de constater que la virtuosité requise des interprètes est ici considérable. En outre, même si les instruments sont opportunément choisis parmi les préférés du compositeur, la richesse d’effets de l’orchestre est parfois difficile à restituer, malgré force trilles et batteries de notes. On se demande dès lors s’il vaut mieux connaître la version originale, ce qui permet de reconstituer mentalement les parties manquantes, ou alors si celui qui l’ignorerait encore n’est pas plus heureux, d’autant que la frustration est augmentée par les petites coupures pratiquées dans la partition...


La deuxième œuvre était, quant à elle, originale, et ce à tous les sens du terme, puisqu’elle fait appel à un ensemble rare: le Divertimento pour violon, violoncelle et basse (vers 1787) de Michael Haydn. La contrebasse (Eckhard Rudolph), sans être cantonnée dans un rôle secondaire, libère complètement le violoncelle (excellent Etienne Cardoze), qui peut s’exprimer largement dans un dialogue à parts égales avec le violon (Jean-Claude Bouveresse). Ce quart d’heure de musique obéit à la forme classique en quatre mouvements et, s’il n’ouvre pas sur des abîmes expressifs, évite sans conteste l’écueil du pur divertissement: les tonalités mineures ne cessent d’apparaître (développement de l’Adagio, Trio du Menuet, par ailleurs plus rustique que galant, second couplet du Rondo final), les modulations sont parfois recherchées et l’on pourrait fort bien en attribuer la paternité à Mozart (Allegro moderato et Adagio) ou même à Joseph, le frère aîné, dans le bondissant Presto.


On se demande pourquoi la charmante Serenata in vano (1914) de Nielsen n’est pas davantage jouée, car même l’effectif requis (clarinette, cor, basson, violoncelle et contrebasse) n’est pas si malaisé que cela à réunir. En moins de dix minutes, c’est l’histoire d’une «sérénade en vain» qui est racontée avec ironie et tendresse, de façon à la fois savoureuse et parfois presque mozartienne: chacun, hormis la contrebasse, y va de son plus beau chant, mais la belle n’ouvrira finalement pas son volet et le quintette s’éloignera au son d’une robuste marche.


En écho à la «plaisanterie musicale» de Schantl, une «grotesque musicale» de Franz Hasenöhrl (1885-1970), déjà entendue il y a quelques semaines avec les chefs de pupitres de l’Orchestre de Paris (voir ici) concluait la séance: la réduction de Till Eulenspiegel (1895) de R. Strauss pour clarinette, basson, cor, violon et contrebasse. Selon Jean-Claude Bouveresse, elle trouve son origine dans une anecdote loufoque: Rudolf Effenberger, technicien de scène à la Philharmonie de Vienne, s’était engagé, à l’occasion de l’une des obscures conférences qu’il organisait par ailleurs, à ce que le poème symphonique y fût donné par l’orchestre, alors que la salle ne paraissait pas de nature à contenir une grande formation symphonique. Hasenöhrl et cinq membres de la Philharmonie lui permirent finalement de gagner son pari. Avec le cor de Daniel Catalanotti aux avant-postes, c’est la verdeur et le divertissement qui l’emportent.



Simon Corley

 

 

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