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La filiation beethovénienne

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
03/25/2004 -  
Johannes Brahms : Ouverture tragique, opus 81 – Concerto pour violon, opus 77 – Symphonie n° 1, opus 68

Anne-Sophie Mutter (violon)
Orchestre national de France, Kurt Masur (direction)


Les trois coups de l’intégrale Brahms de l’Orchestre national de France (voir par ailleurs ici) sont frappés par… les deux premiers accords de l’Ouverture tragique (1880), qui ouvrait le premier concert symphonique de ce cycle, au programme particulièrement copieux. Mais c’est pour la venue d’Anne-Sophie Mutter que le Théâtre des Champs-Elysées était complet, avec, dans le public, un spectateur discret et attentif en la personne d’Henri Dutilleux, qui lui a récemment destiné une pièce concertante, Sur un même accord (voir ici).


Si l’Ouverture tragique se révèle contrôlée et distante, plus tendue que passionnée, la métamorphose est totale dès l’introduction de l’Allegro non troppo du Concerto pour violon (1878), puissante et charpentée. Quant à la violoniste allemande, elle se montre égale à elle-même, et ce n’est pas peu dire: puissance et précision, particulièrement dans des aigus saisissants, pureté de la sonorité et de la ligne de chant. Mais bien de loin de se contenter de ce charisme olympien, de cette aura solaire et d’une perfection trop lisse ou somptueuse, elle s’engage pleinement dans cette musique, lui conférant même ici ou là, en accord avec la direction énergique de Kurt Masur, une hargne assez inhabituelle. Répondant finalement aux nombreuses ovations saluant ce succès attendu, elle offre en bis la Sarabande de la Deuxième partita de Bach (une œuvre dont Brahms, en 1877, a adapté au piano, pour la seule main gauche, la fameuse Chaconne finale), dans une vision délibérément romantisante.


Alors que le concerto, ne serait-ce que par son climat et sa tonalité, se plaçait déjà dans l’ombre portée de Beethoven, la Première symphonie (1876), bien plus encore, semble reprendre le témoin de la Neuvième symphonie, avec son final, certes purement symphonique, qui cite presque littéralement le thème de l’Ode à la joie. Prenant à contre-pied ceux qui attendaient l’un des derniers grands représentants d’on ne sait trop quelle «tradition» germanique, Masur en livre une interprétation plus sobre que démonstrative, d’une grande clarté, à l’articulation très soignée, aux attaques tranchées et aux textures allégées. Allant toujours de l’avant, par le recours à des tempi allants et l’abandon de la reprise du premier mouvement, il privilégie les moments violents et dramatiques, bien loin du Brahms souple, fluide et confortable que l’on entend d’ordinaire. Décapante sans être extravagante, toujours maîtrisée, peut-être au prix d’une certaine raideur, cette approche trouve en l’Orchestre national, en bonne forme, un exécutant fidèle et convaincu.



Simon Corley

 

 

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