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Le concept du vide

Lausanne
Opéra
03/12/2004 -  et les 14, 17*, 19 et 21 mars 2004
Christoph-Willibald Gluck: Orphée et Eurydice
Elodie Méchain (Orphée), Marie Arnet (Eurydice), Cassandre Berthon (L’Amour)
Chœur de l’Opéra de Lausanne, Véronique Carrot (préparation), Orchestre de Chambre de Lausanne, Nicolas Chalvin (direction musicale), Ludovic Lagarde (mise en scène et décors)

Pour cette production d’Orphée et Eurydice, présentée dans la version révisée par Berlioz en 1859, le plateau de l’Opéra de Lausanne est vide, sans le moindre décor ni accessoire. Aussi vide que la mise en scène. Les choristes sont la plupart du temps statiques, disposés en rang d’oignon et portant des costumes hétéroclites, qu’on dirait repris de spectacles précédents. Les trois solistes sont abandonnées à elles-mêmes, sans même un semblant de direction d’acteurs. Orphée est vêtue d’une très laide tenue militaire à la Lara Croft, Amour est un cheval (!?) arborant fièrement petite crinière, queue et étriers, et Eurydice gesticule, hagarde, en petite robe blanche. Seule véritable idée de cette mise en scène: des projections d’images vidéo en noir et blanc sur des tulles descendant des cintres. C’est peu, très peu. D’autant que pas moins de 8 personnes ont participé à la réalisation scénique de ce spectacle (metteur en scène, dramaturge, costumiers, responsable des lumières, vidéaste, collaboratrice artistique et assistant scénographe). Et se sont fait copieusement huer le soir de la première.


On peut donc tranquillement fermer les yeux sans le moindre risque de rater quoi que ce soit, tout, absolument tout, étant laissé au pouvoir évocateur de la musique. Et de ce côté-là, fort heureusement, les motifs de satisfaction sont nombreux. A commencer par l’excellente prestation du chœur, particulièrement important dans cet ouvrage, qui s’est distingué par sa solide préparation et par l’homogénéité des différentes voix. Dans la fosse, le jeune chef Nicolas Chalvin a galvanisé les musiciens de l’Orchestre de Chambre de Lausanne par ses tempi rapides et dynamiques. La célèbre Danse des Furies, en particulier, brillamment interprétée, a littéralement électrisé la salle. Elodie Méchain, qui faisait ses débuts dans le rôle, a incarné avec beaucoup d’aplomb un Orphée vaillant, avec des moments émouvants dans les scènes de doute ou d’abandon. Une bonne diction ainsi qu’une voix ample, ronde et pleine, au grave sonore, sont les atouts de la mezzo française. Plutôt effacée, l’Eurydice de Marie Arnet a néanmoins séduit par la beauté du timbre, alors que Cassandre Berthon, jeune espoir du chant hexagonal, a fait preuve d’entrain et de vivacité, malgré une voix un brin trop légère pour le rôle. En résumé, un spectacle aux atout musicaux indéniables, qui ont fait partiellement oublier l’indigence de la mise en scène.




Claudio Poloni

 

 

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