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An evening at Carnegie Small Paris Carnegie Small (Studio Le Regard du cygne) 03/07/2004 - Wolfgang Amadeus Mozart : Quintettes à deux altos K. 515 et 516
Mark Lubotsky, Philippe Coutelen (violon), Vladimir Mendelssohn, Vincent Aucante (alto), Olga Dowbusch-Lubotsky (violoncelle)
Depuis 1986, «Carnegie Small» propose un concept musical tout à fait à la hauteur de son nom en forme de clin d’oeil: le cadre hautement improbable d’une grange située au fond de la cour d’un immeuble (le Studio «Le Regard du cygne»), offrant une centaine de places assises, une acoustique très satisfaisante et quelques tableaux au mur, un horaire non moins improbable (20 heures 20) et, surtout, une occasion de faire de la musique de chambre hors des sentiers battus.
Fondateur de ces concerts atypiques, le violoniste suisse Philippe Coutelen profitait de la venue à Paris de son collègue russe Mark Lubotsky et de son épouse, la violoncelliste Olga Dowbusch-Lubotsky, qui donnent jusqu’au 11 mars des cours magistraux au Conservatoire national supérieur de musique de Paris, pour offrir une soirée autour des deux Quintettes à deux altos (K. 515 et 516) que Mozart composa en 1787.
Dans le Quintette en ut majeur, les musiciens, bien que respectant la reprise, optent pour une vision plus intimiste que symphonique de l’ample Allegro initial. Cette veine apaisée, plus schubertienne que beethovénienne, en quelque sorte, est cultivée avec un certain bonheur dans l’Andante, joué en deuxième position, où l’échange entre premier violon et premier alto rappelle le climat de la Symphonie concertante en mi bémol. La sagesse continue de prédominer sur l’élan intérieur dans le Menuetto et l’Allegro final.
La même approche prévaut dans le Quintette en sol mineur, mais elle semble ici moins défendable, compte tenu du caractère sombre et préromantique de l’oeuvre. Raide, lesté de toutes ses reprises, l’Allegro initial n’a plus rien à voir avec l’appel angoissé qu’il traduit d’ordinaire et il est suivi d’un Menuetto d’une accablante lourdeur. Par son caractère plus serein, l’Adagio ma non troppo paraît mieux venu, mais le final laisse malheureusement une impression de sécheresse, d’absence de grâce et de manque de pulsation vitale.
Toutefois, même s’il faut déplorer, tout au long de la soirée, les problèmes d’intonation de Mark Lubotsky ainsi que de petites imperfections de mise en place, sans doute inhérentes au fait que les musiciens ne forment pas un ensemble permanent, ce ne sont évidemment pas des raisons suffisantes pour remettre en cause la démarche de Carnegie Small ou la qualité et la sensibilité des artistes en présence, notamment une fameuse paire d’altistes (Vladimir Mendelssohn et Vincent Aucante).
Le site de Carnegie Small
Simon Corley
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