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Le Festival de Kuhmo… à Paris

Paris
Institut finlandais
03/07/2004 -  
Einojuhani Rautavaara : Quatuor n° 1 «Quartettino», opus 2 – Polska – Quintette à cordes «Les Cieux inconnus»
Ludwig van Beethoven : Sonate pour piano n° 26 «Les Adieux», opus 81a

Quatuor Jean Sibelius (Yoshiko Arai, Jukka Pohjola, Matti Hirkivangas, Seppo Kimanen), Marko Ylönen (violoncelle), Juhani Lagerspetz (piano)


Le Festival de Kuhmo fêtera cette année son trente-cinquième anniversaire, du 11 au 25 juillet prochain, avec une édition au cours de laquelle ensembles constitués (Trio Wanderer, Quatuors Borodine, Diotima, Lindsay, Petersen, …) et musiciens de premier plan (Soile Isokoski, Vladimir Mendelssohn, Natalia Gutman, …) offriront pas moins de quatre-vingt-dix concerts de musique de chambre. L’Institut finlandais, dans sa petite salle dont la modernité sobre et claire et les chaises blanches au design contemporain semblent vouloir à tout prix corroborer les clichés sur le «pays des mille lacs», a eu l’excellente idée de proposer un aperçu de cette manifestation, avec trois programmes permettant de découvrir sept partitions d’Einojuhani Rautavaara, associées à des œuvres de Beethoven.


Aujourd’hui âgé de soixante-quinze ans, Rautavaara est certainement le plus illustre représentant de la musique de son pays. A vingt-sept ans déjà, il avait été rien moins qu’adoubé par Sibelius, qui, sollicité en 1955 pour désigner le bénéficiaire d’une bourse d’Etat, avait porté son choix sur le jeune compositeur, lequel put ainsi partir étudier avec Persichetti à la Julliard School puis avec Sessions et Copland à Tanglewood. S’il est plus connu par sa musique symphonique – tout particulièrement le fameux Cantus arcticus (1972), «concerto pour oiseaux et orchestre» (voir ici) – et par ses opéras, c’était ici une rare occasion de se faire une idée de sa musique de chambre, le dernier concert couvrant près d’un demi-siècle d’une production relativement abondante, comprenant notamment un quintette à deux violoncelles, quatre quatuors, un quatuor avec hautbois et une sonate pour violoncelle et piano.


On regrettera que seulement une petite trentaine de spectateurs se soient déplacés, d’autant que dans un français impeccable, Seppo Kimanen, directeur artistique du Festival de Kuhmo et violoncelliste du Quatuor Jean Sibelius, prend la peine de présenter les trois partitions de Rautavaara qu’il va interpréter avec ses partenaires, signalant que le compositeur, qui avait l’intention de faire le déplacement pour ce mini-festival, se remet actuellement d’une crise cardiaque.


C’est d’abord le volet «folklorique» de son inspiration qui est mis en valeur, au travers de son Premier quatuor (1952). Sous-titré Quartettino, il ne comprend effectivement que trois mouvements et ne dure que onze minutes. Si les mélodies traditionnelles de Carélie y tiennent une place importante, on y découvre déjà un autodidacte particulièrement doué, qui maîtrise parfaitement le langage néoclassique, avec toutefois une intensité plus personnelle, notamment dans l’Andante central.


Si la brève (cinq minutes) Polska (1977) pour deux violoncelles et piano, malgré son titre, s’inspire également de la musique populaire de l’Est de la Finlande – puisqu’il s’agit de «variations sur un air folklorique de Rantasalmi» – le traitement du matériau, avec un thème déformé et enlaidi avec humour, un peu à la manière de Schnittke, est autrement plus complexe, distancié, ironique, rugueux, dissonant et même virtuose, avec le vrombissement quasi incessant des deux violoncelles.


D’une toute autre ambition, le Quintette à deux violoncelles (1997) était destiné au Festival de Kuhmo, où il a été créé par le Quatuor Jean Sibelius, qui l’a enregistré chez Ondine avec les deux premiers quatuors. De forme classique en quatre mouvements et d’une durée de vingt-sept minutes, il est sous-titré (en français) Les Cieux inconnus. La technique et l’expression ne renvoient sans doute pas à quoi que ce soit d’inconnu ou de plus «avancé» que le premier Schönberg et Zemlinsky, mais Rautavaara a une manière qui n’appartient qu’à lui d’imposer un climat tout au long de l’œuvre.


Le premier mouvement stupéfie par un flot musical continu, avec un lyrisme chaleureux et une densité de la polyphonie qui rappellent les sextuors de Brahms. Le mouvement lent se caractérise par un aspect mélodique encore plus marqué, tour à tour élégiaque et rêveur. Moins développés, les deux derniers mouvements consistent successivement en une sorte d’intermezzo mélancolique, hésitant entre l’ombre et la lumière, ouvert par les deux violoncelles, avec parfois un côté modal à la Vaughan Williams, et un final à l’élan retrouvé, jusqu’à une conclusion ouverte sur un ailleurs, les violons déroulant des guirlandes régulières de notes dans l’aigu sur un choral moelleux des trois autres instruments.


Romantisme? Peut-être… Selon le propos de Rautavaara, tel que rapporté par Kimanen dans un aphorisme quelque peu énigmatique, le romantisme ne doit pas se conjuguer au présent mais au passé ou au futur… Le lien était tout trouvé avec Beethoven, même si Juhani Lagerspetz donne, malgré un piano un peu cotonneux, une lecture plus objective et vigoureuse que romantique de sa Vingt-sixième sonate «Les Adieux» (1810), parfois même abrupte et violente, mais servie par une impeccable agilité.


Le site de l’Institut finlandais





Simon Corley

 

 

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