Back
Naufrage Paris Opéra Bastille 02/23/2004 - et 26 février, 1er, 3, 6, 9 mars 2004 Matthias Pintscher : L'Espace dernier Jeanne-Michèle Charbonnet, Elizabeth Keusch, Iride Martinez, Emily Golden, Graham Clark, Gidon Saks
Anne Bennent, Jean Sasportes (rôles parlés)
Solistes du Choeur Accentus
Orchestre de l'Opéra National de Paris, Kwamé Ryan (direction)
Michael Simon (mise en scène)
Matthias Pintscher serait, nous dit sa biographie, demandé à travers l'Europe entière, à un âge (33 ans) ou d'autres émergent seulement, mais ce n'est certes pas sa création pour l'Opéra National de Paris qui nous fera comprendre les raisons de son succès. Rimbaud, donc, constituait le centre de L'Espace dernier, mais finalement assez peu sa poésie, dont on entend que quelques bribes reprises par des chanteurs (comme ce «Départ de l'affection» répété cinquante fois...), mais plutôt des lettres de sa sœur et de lui déclamées par deux rôles parlés. Car ce jeune homme nous ressert la vieille soupe du théâtre musical des années 70, qui plus est avec tous ses clichés (cris, scènes de folie, zombies, personnage qui traverse la scène en courant cheveux au vent, ...). Bien sûr, surtout pas une once d'humour à la Kagel, ni d'un peu d'esprit à la Aperghis ou de tension à la Heiner Goebbels, qui eux laisseront quelques jalons dans ce genre, ici rien que du sombre et de l'ennui. Et musicalement c'est le degré zéro : des gribouillis qui se voudraient du Lachenmann ou alors des notes graves pour faire genre "attention c'est sérieux écoutez le texte des acteurs". C'est plat, ça ne décolle jamais, et rapidement on se met à regarder sa montre. La mise en scène en noir et blanc (faut quand même pas se fatiguer non plus) parachève le tableau : on assiste à un mauvais spectacle d'une MJC de banlieue. Et ça dure une heure quarante cinq, ou plus exactement cent cinq longues minutes... Espérons simplement qu'après les succès publics des précédentes créations (Salammbô, K... et Perelà) les spectateurs de l'Opéra ne se fâcheront pas et continueront à rester curieux des créateurs d'aujourd'hui dont beaucoup valent nettement mieux que M. Pintscher.
Philippe Herlin
|