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Nature sauvage

Paris
Salle Pleyel
03/16/2000 -  
Antonín Dvorak : Le Pigeon des bois (La Colombe sauvage), opus 110
Béla Bartok : Concerto pour piano n° 3, sz. 119
Jean Sibelius : Les Océanides, opus 73 – Le Cygne de Tuonela, opus 22 n°2 – Tapiola, opus 112

Claire-Marie Le Guay (piano)
Orchestre de Paris, Leif Segerstam (direction)

Particulièrement émouvant dans sa simplicité et son détachement, qui sont bien la marque des ultima verba d’un artiste, le Troisième concerto pour piano, que Bartok destinait à son épouse, est certainement devenu le plus joué de la série. Claire-Marie Le Guay, qui, à vingt-sept ans, s’est déjà fait connaître au disque dans Liszt et Schumann, trouve d’emblée le ton juste, dans une interprétation très équilibrée qui met en valeur le "classicisme" de l’oeuvre. Le toucher est à la fois somptueux, riche et varié et la musicalité n’est jamais prise en défaut. L’orchestre ne reste pas à l’arrière-plan, tout en s’inscrivant pleinement dans la démarche de la soliste, qui offre en bis les déferlements orchestraux du scherzo de la Deuxième sonate de Brahms.

C’est d’ailleurs à Brahms que l’on pense lorsque l’on découvre la stature imposante et l’immense barbe blanche du chef finlandais Leif Segerstam. Spécialisé dans les répertoires peu fréquentés et dans la musique de son pays, il avait choisi un programme très cohérent, non seulement en harmonie avec le Concerto de Bartók, mais dans lequel chacune des quatre autres œuvres interprétées renvoyait à une certaine idée de la nature, souvent sauvage, parfois inquiétante et jamais bucolique.

Etrangement méconnus, les quatre poèmes symphoniques que Dvorak composa dans ses dernières années illustrent pourtant une remarquable évolution de son langage, vers une fragmentation du discours qui annonce déjà Janacek, lequel assura d’ailleurs la création de ce Holoubek (Pigeon des bois ou Colombe sauvage, selon les traductions). D’une grande transparence, usant d’une battue très personnelle mais manifestement efficace, la direction de Segerstam met en valeur la finesse de l’orchestration.

La succession des trois morceaux de Sibelius suscite des atmosphères et des impressions diverses. Dans les Océanides, qui étend en quelque sorte le principe de composition du Prélude de L’Or du Rhin de Wagner, la disparition des motifs, déjà entamée chez Dvorak, suggère une analogie avec le pointillisme ou l’impressionnisme. Segerstam fait magnifiquement sonner l’orchestre, dont il tire des sonorités au sens propre inouïes. Dans Le Cygne de Tuonela, grâce à l’excellent cor anglais d’Alain Denis, c’est une infinie tristesse, toujours digne et sans pathos inutile, qui prédomine. Enfin, Tapiola, formidable testament sibelien, qui évoque aussi bien Varèse que Janacek, déçoit : les phases violentes sont rendues de manière très sonore et spectaculaire, mais les longs moments lancinants manquent d’intensité et les contrastes abrupts de ce poème symphonique méritaient plus de tension.



Simon Corley

 

 

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