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L’Ensemble orchestral de Paris rejoint Présences

Paris
Maison de Radio France
02/08/2004 -  
Pascal Zavaro : Three Studies for a Crucifixion (création)
Philippe Hersant : Concerto pour violoncelle n° 1
Edvard Grieg : Au temps de Holberg, opus 40
Jean-Louis Florentz : Qsar Ghilâne, opus 18

Anssi Karttunen (violoncelle)
Ensemble orchestral de Paris, John Nelson (direction)


Pour leur première participation au Festival Présences, l’Ensemble orchestral de Paris et son directeur musical, John Nelson, présentaient, en partenariat avec Radio France, une création mondiale. La veille, c’est Eugène Leroy et Maurits Escher qui avaient inspiré, en tout ou partie, deux des œuvres (voir ici). Ici, c’est à un triptyque de Francis Bacon, Three Studies for a Crucifixion (1962), que Pascal Zavaro (né en 1959) fait référence. Pari redoutable, car on est en droit de se demander quelle musique pourra jamais égaler la force et le caractère dérangeant de la peinture de Bacon. Recourant à une formation de dimension modeste (bois, cors et trompettes par deux, percussion et cordes), le compositeur français déploie, durant ces dix-sept minutes, une science très sûre des effets. S’agissant de la forme, il transpose le principe du triptyque, selon un schéma traditionnel modéré/lent/vif: les deux premiers volets baignent dans un expressionnisme très années 1940, quelque part entre Hindemith et Honegger, tandis que le dernier, par son caractère fortement rythmé, se rattache davantage aux années 1980 et rappelle que Zavaro est percussionniste, destinant à l’unique titulaire de ce pupitre une partie très spectaculaire.


Quelques jours après le Second concerto (voir ici), le Premier concerto pour violoncelle (1989) de Philippe Hersant, s’il est également écrit d’un seul tenant, contraste presque entièrement tant par son effectif (onze cordes, une flûte, un hautbois, une clarinette, un basson et un cor) que par sa concision (seize minutes) ou par son propos, plus intériorisé, «intimiste et introspectif». Les sections successives demeurent dans un même climat mélancolique, obsessionnel et raffiné (la première rappelle Incantatoire, la première des Métaboles de Dutilleux), ménageant trois monologues du soliste (le remarquable Anssi Karttunen), qui peuvent difficilement être qualifiés de cadences, tant sa partie tourne délibérément le dos à toute virtuosité extérieure. Au fil d’un parcours qui conduit le violoncelle du grave d’une sorte de pavane baroque vers un aigu peut-être libéré, Hersant démontre, une fois de plus, sa science des enchaînements et sa maîtrise à concilier atmosphères poétiques et économie de moyens, ne serait-ce que cette simple note finale tenue par le cor, dernière à s’éteindre, comme suspendue.


Si Hersant partage la vedette avec les «Nordiques» au cours de cette édition de Présences, excepté Karttunen, leur seul représentant à ce concert sera finalement... Grieg. Mais on ne voit pas pourquoi Présences ne s’autoriserait effectivement pas quelques incursions parmi les piliers du répertoire scandinave: après la Sinfonia espansiva de Nielsen lors de la soirée d’ouverture (voir ici), c’était donc le tour de la suite Au temps de Holberg (1885). John Nelson dirige les trente cordes de l’Ensemble orchestral de Paris dans une lecture d’une haute tenue musicale, parfaitement menée, légère et bondissante, ne versant jamais dans le pathos ou le pastiche indigeste.


Pour conclure, l’orchestre et le chef reprennent Qsar Ghilâne (2003), une partition de Jean-Louis Florentz dont ils ont assuré la création à l’automne dernier (voir ici). On n’y reviendra donc que pour rappeler que comme dans son Enfant des îles (voir ici), le sorcier des timbres qu’est Florentz nous entraîne dans un continuum fluide d’impressions ensoleillées à la Villa-Lobos, véritable Invitation au voyage vers un monde résolument exotique où tout ne serait qu’«ordre et beauté, luxe, calme et volupté».



Simon Corley

 

 

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