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Rencontre de générations

Paris
Châtelet
02/02/2004 -  
Arnold Schoenberg: Pièces op 19, Ludwig van Beethoven: Sonates op 10 n 3, op 13 Pathétique, Arnold Schoenberg: Pièces op 11, Johannes Brahms: Fantaisies op 116


Maurizio Pollini (Piano)



Dans un texte célèbre, Arnold Schoenberg avait expliqué ce qu’il avait retiré de l’étude des grands compositeurs du passé. Au-delà de toute rationalisation écrite, en préfaçant des œuvres de Beethoven et de Brahms par deux recueils de pièces de Schoenberg, Maurizio Pollini nous a fait sentir les filiations stylistiques du compositeur Viennois.


Les pièces op. 19 de Schoenberg sont des pièces courtes, dont l’esthétique annonce le style épuré et la recherche sonore d’un Webern. Le pianiste Italien y fait preuve d’une étonnante maîtrise sonore et d’un souci de faire ressortir les voies principales, les « Hauptstimme » voulues par le compositeur. Comment ne pas y repenser plus tard lorsque dans dernier mouvement de la Sonate op. 10 n 3 de Beethoven, Pollini fait ressortir le modernisme du thème principal ou des harmoniques qu’il trouve la longue mélodie de la coda qu’il joue pianissimo en un seul souffle.


Il y a un peu plus tard, dans le milieu du deuxième mouvement de la sonate Pathétique, un passage que connaissent tous les pianistes amateurs. Un thème se dessine partant de la main droite en doubles croches, se poursuivant à la main gauche mais en triples, le tout sur un accompagnement d’un accord régulier également en triples croches, un peu à la manière d’un quatuor à cordes où premier violon dialoguerait avec le violoncelle tandis que deuxième violon et alto . A ce moment, Maurizio Pollini relaxe légèrement le tempo, limitant tout rubato, laissant la musique se déployer avec calme et sérénité, à la manière d’un Adagio de Mozart. Le pianiste s’efface, laissant le texte parler de lui-même avec infiniment de douceur et de poésie.


C’est une deuxième partie plus orchestrale qui démarre avec les pièces op. 11 de Schoenberg. Si c’est dans ce cahier que le compositeur va pour la première fois élargir la palette de sons du piano en indiquant à son interprète sur la partition d’enfoncer des touches sans force pour ne faire que résonner les cordes, c’est cependant à la richesse de la palette de Brahms qu’il devait penser avec la densité des deux dernières pièces, densité que l’on trouve également dans les Fantaisies op. 116 de Brahms. C’est assez surprenant mais les pianistes délaissent les quatre remarquables cahiers de l’ opus 116 à 119 que Brahms a composé à la fin de sa vie. Ils s’agit pourtant de chefs-d’œuvre, tour à tour puissants et intimistes que seule leurs redoutables difficultés peuvent retenir les pianistes de les programmer plus souvent. Pollini est souverain dans ces pièces, produisant de superbes phrasés, capable de clarifier les passages les plus complexes tout en jouant avec une puissance et maîtrise incomparables.


Maurizio Pollini ne fait pas parti de ces artistes qui ont un agenda surchargé. Paris fait partie des rares villes où il vient jouer plusieurs fois par an. Nous avons beaucoup de chance.



Antoine Leboyer

 

 

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