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Sado galvanise l’Orchestre Lamoureux

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
01/18/2004 -  
Frédéric Chopin : Concerto pour piano n° 1, opus 11
Robert Schumann : Symphonie n° 2, opus 61

Philipe Giusiano (piano)
Orchestre Lamoureux, Yutaka Sado (direction)


La participation de l’Orchestre Lamoureux aux prochaines Folles journées de Nantes, dédiées cette année à la «génération 1810», nous vaut, coup sur coup, deux concerts consacrés à trois de ces compositeurs à l’honneur: après Mendelssohn (voir ici), ce sont Chopin et Schumann, l’un et l’autre (injustement) contestés quant à leur talent d’orchestrateur, qui étaient donc au programme.


Philippe Giusiano, second grand prix au Concours Chopin en 1995, manifeste de réelles affinités avec le compositeur polonais. Dans le Premier concerto (1830), il opte pour une lecture sage et propre, droite et élégante, presque analytique à force de lisibilité, nullement exhibitionniste ou échevelée, d’un romantisme bien tempéré, s’autorisant moins d’effusions que de coquetteries (ralentis, accents, changements subits de nuances), qui nuisent toutefois à la continuité du discours. En bis, il offre deux pièces contemporaines du concerto: successivement une Etude «Révolutionnaire» opus 10 n° 12 (1830) à peine plus échevelée et une Grande valse brillante en mi bémol (1831) un rien précipitée.


Pour la troisième fois en à peine trois mois, le Théâtre des Champs-Elysées accueille la Deuxième symphonie (1845) de Schumann. Après Philippe Jordan et l’Orchestre philharmonique de Radio France (voir ici), après Mariss Jansons et la Philharmonie de Vienne (voir voir ici), Yutaka Sado, chef principal de l’Orchestre Lamoureux, ne démérite pas, tant s’en faut, dans une œuvre qui lui est manifestement chère: non seulement il est impossible d’oublier sa prestation, récemment rediffusée sur France Musiques, avec l’Orchestre philharmonique le 28 novembre 1997, mais c’est la symphonie avec laquelle il remporta, en 1995, le grand prix du Concours international Bernstein.


Précisément, l’interprétation du chef japonais, assumant pleinement ses partis pris et parfaitement conforme à l’esprit de ce combat provisoirement gagné contre le mal – la folie – qui devait finalement avoir raison du compositeur, fait souvent penser à Bernstein: exaltant la démesure, les excès, le délire, les ombres et les tensions, il marque fortement les rythmes pointés et privilégie le tranchant des attaques dans les mouvements extrêmes. D’une inlassable énergie, il galvanise sans cesse un orchestre qui, certes tour à tour solide et discret dans Chopin, est véritablement métamorphosé. Dans un geste très spectaculaire, il fait même lever l’ensemble des violons pour une phénoménale coda du Scherzo, qui emporte tout sur son passage. Quant à l’Adagio, lent au point de donner parfois le sentiment de s’arrêter, d’un pathos plus tchaïkovskien que schumannien, il n’en est pas moins dépourvu de lyrisme ou de noblesse.



Simon Corley

 

 

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