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Le voyage continue

Paris
Salle Cortot
01/14/2004 -  
Franz Schubert : Trois marches héroïques, D. 602 – Quatre Ländler, D. 814 – Sonate en si bémol, D. 617 – Variations sur un thème de Hérold, D. 908 – Grande marche funèbre, D. 859 – Six polonaises, D. 824 (extraits) – Fantaisie en fa mineur, D. 940

Christian Ivaldi, Jean-Claude Pennetier (piano à quatre mains)


On refusait du monde, Salle Cortot, pour le troisième des cinq volets de cette intégrale de la musique pour piano à quatre mains de Schubert (voir par ailleurs ici) – probablement en raison d’un bouche à oreille très favorable – et il faut donc désormais arriver au plus tôt si l’on veut occuper une place disposant d’une visibilité acceptable. Lot de consolation potentiel pour les recalés de l’hiver parisien: cette série sera reprise au Festival de la Roque d’Anthéron cet été.


Comme pour chaque concert de ce marathon, Christian Ivaldi et Jean-Claude Pennetier avaient choisi un programme abordant tous les genres (marches, variations, danses, sonate), avec un judicieux équilibre entre partitions les plus connues et quasi découvertes, comme ces trois Marches D. 602 (1818) qualifiées d’«héroïques» par l’éditeur, où la sévérité de la première fait place au caractère expansif, parfois italianisant, des deux suivantes.


Après un très bref intermède quasi brahmsien avec quatre Ländler D. 814 (1824), ce fut la Sonate en si bémol D. 617 (1818): d’ambition modeste, éclipsée par le Grand duo, cette sonate ne comprend que trois mouvements. Cela étant, les deux pianistes ne la prennent nullement à la légère: faisant ressortir à la fois les tensions et la délicatesse du discours, ils parviennent toujours à suggérer cette impression éminemment schubertienne de musique qui va de l’avant tout en conservant une non moins typique Gemütlichkeit.


Très brillantes, les Variations sur un thème de «Marie» de Hérold (1827) concluent idéalement la première partie, avec moult gammes et puissants accords. Les musiciens mettent en valeur le caractère ludique de ces huit variations, dont Schubert se plaît à rapprocher le thème de celui du troisième Impromptu de l’opus 142, lui-même issu de Rosamunde.


Parmi toutes les pièces de la soirée, c’est sans doute la Grande marche funèbre (1825) pour la mort du tsar Alexandre Ier qui revendique le plus une dimension orchestrale, obéissant fidèlement aux canons (beethovéniens) du genre: rythme pointé de la marche, tonalité majeure de la section centrale. Les trois premières ayant été données au cours du précédent concert, sans doute par souci d’éviter que ne s’installe une certaine lassitude, ce sont les trois dernières des six Polonaises D. 824 (1826) qui viennent rétablir une grâce et une luminosité qui n’appartiennent qu’à Schubert.


Sans doute l’œuvre la plus célèbre du corpus pour piano à quatre mains du compositeur, sinon de toute la littérature, la Fantaisie en fa mineur (1828) bénéficie d’une réalisation superbe, quoique fondée sur une économie de moyens (par exemple la simplicité et la pudeur avec lesquelles l’inoubliable thème initial est énoncé) et une subtilité (tel le retour du premier thème du Largo) qui refusent tout monumentalisme ou déploiement de force.


En bis, Ivaldi et Pennetier offrent d’abord la cinquième des Variations en la bémol (1824), qu’ils ont déjà interprétées le mois dernier, variation dont le rythme et la couleur rappellent si étrangement l’Allegretto de la Septième symphonie de Beethoven. Ce sera enfin la première – et fameuse – des trois Marches militaires D. 733 (1822), plus dansante et capricieuse que vraiment martiale.



Simon Corley

 

 

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