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Pari à moitié réussi

Lausanne
Opéra
12/31/2003 -  et les 2, 4, 7*, 9 et 11 janvier 2004
Jean-Baptiste Lully: Roland
Nicolas Testé (Roland), Annamaria Panzarella (Angélique), Olivier Dumait (Médor), Monique Zanetti (Témire), Robert Getchell (Astolphe), Salomé Haller (la Fée principale/Logistille), Evguenyi Alexiev (Ziliante/Demogorgon), Emiliano Gonzalez-Toro (Tersandre/un insulaire), Anders J. Dahlin (Coridon/un insulaire), Marie-Hélène Essade (Bélise/une pastourelle/une amante contente), Delphine Gillot (la Gloire/une suivante/une amante contente)
Constellation chorégraphique de la Seine (Daniel Larrieu, chorégraphie), Chœur de l’Opéra de Lausanne (Véronique Carrot, préparation), Les Talens lyriques, Christophe Rousset (direction), Stephan Grögler (mise en scène)

Saluons tout d’abord comme il se doit l’audace de l’Opéra de Lausanne, qui a pris le risque de programmer pendant les fêtes de fin d’année un ouvrage quasiment inconnu - Roland de Jean-Baptiste Lully - à une période où la plupart des scènes lyriques misent plutôt sur des tubes du répertoire ou sur des opérettes. Pari risqué, mais réussi à moitié seulement, si on en juge par le grand nombre de spectateurs qui quittent le théâtre à l’entracte.

La déception est d’autant plus vive que le tandem Christophe Rousset-Stephan Grögler suscitait beaucoup d’espoirs pour cette résurrection. Seul le premier a tenu toutes ses promesses. Dommage pour Grögler, car ses productions de L’Anima del Filosofo, de La Cenerentola ou encore de Médée et Niobé sur cette même scène ont laissé de merveilleux souvenirs. A la décharge du metteur en scène suisse, on dira qu’il n’est pas aisé de représenter aujourd’hui les opéras de Lully, et encore moins sa 11e collaboration avec le librettiste Philippe Quinault. En effet, si la partition de Roland est magnifique, l’intrigue apparaît terriblement vieillie trois siècles plus tard. Et la mise en scène lausannoise ne fait rien pour l’actualiser ou, du moins, la rendre parlante aux spectateurs d’aujourd’hui, malgré les accessoires high tech (écrans géants et téléviseurs) qui envahissent le plateau, au centre duquel on trouve aussi une longue rampe métallique posée sur des cailloux qui se reflète dans un miroir (décor unique de Stephan Grögler et Véronique Seymat). Tout au long de la représentation, les écrans affichent de belles images de fleurs de toutes les couleurs. Quant aux choristes de l’Opéra - en formation réduite mais dont la prestation a été particulièrement remarquée -, ils apparaissent habillés successivement pour ce qui ressemble à un cocktail, dans des costumes chinois, en bergers et finalement dans des vêtements des années 50. Belles couleurs, jolis costumes, d’accord, mais les idées semblent s’arrêter là car face à ce joyeux mélange de styles et d’époques, on peine à saisir où le metteur en scène veut en venir. D’autant que les nombreux intermèdes dansés n’apportent pas non plus de réponse, les danseurs se contentant de se trémousser plutôt que d’obéir à une véritable chorégraphie, en raison peut-être de l’exiguïté du plateau, passablement surchargé il est vrai.

Heureusement que la partie musicale du spectacle fait oublier ce déconcertant puzzle scénique. Christophe Rousset aura été le véritable artisan de cette exhumation. Il aime cette musique et le résultat s’en ressent: le jeune chef s’est totalement investi dans l’aventure, dans laquelle on imagine qu’il n’a eu aucune peine à entraîner les musiciens des Talens lyriques, tant ceux-ci répondent avec enthousiasme, précision et brio à ses sollicitations. Vocalement, la distribution est dominée par l’Angélique d’Annamaria Panzarella, à la présence forte et à la diction impeccable. Nicolas Testé campe un Roland vaillant et autoritaire, mais dont la ligne de chant paraît un peu fruste. Parmi les autres solistes, on retiendra surtout les prestations de Monique Zanetti, Salomé Haller et Evguenyi Alexiev. Et on peut d’ores et déjà se réjouir de la sortie prochaine du disque (en première mondiale) qui a été enregistré entre les représentations.




Claudio Poloni

 

 

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