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Pour l'amour de Bach Montreal Salle Pierre-Mercure 12/15/2003 - Johann Sebastian Bach : Sonate pour violon et clavecin en do mineur, BWV 1017
Partita pour clavecin en mi mineur, BWV 830
Sonate pour violon seul en sol mineur, BWV 1001
Sonate pour violon et clavecin en mi majeur, BWV 1016
James Ehnes (violon)
Luc Beauséjour (clavecin)
Il est de ces soirées qui viennent éclairer le quotidien d’une manière unique, à la fois simple et grandiose, intime et chaleureuse, qui remplissent d’énergie et tendent à laisser un souvenir indélébile. Le récent récital Bach offert par James Ehnes et Luc Beauséjour fut de ces moments spéciaux, rares, où la musique coule de source et procure un bonheur infiniment précieux et sain, touche de thérapie spirituelle recommandée à tout le monde ! Le Bach de James Ehnes n’est plus à présenter, de ce côté-ci de l’Atlantique du moins. Parue il y a quelques années chez Analekta, sa splendide intégrale des Sonates et Partitas pour violon seul avait vite fait de récolter des éloges unanimes, et c’est à une expérience tout aussi élevée que nous conviait le jeune violoniste canadien, la Sonate en sol mineur constituant à ce titre (et sans rien enlever, au contraire, à Beauséjour) le sommet absolu d’un concert se déroulant dans les plus hautes sphères de l’interprétation : une telle concentration, une telle énergie, une telle chaleur, une telle intelligence, une aussi sublime maîtrise technique et tant de beauté plastique que la salle entière offrit au musicien une ovation debout spontanée à la fin de l’œuvre, c’est-à-dire avant même la fin du programme officiel !
Sur un tout autre plan, Luc Beauséjour nous offrit une Partita en en mi mineur tissée des qualités intrinsèques d’un jeu qu’on retrouve toujours avec grande satisfaction : élégance, raffinement, émotion et éloquence ici aussi (extraordinaires Toccata et Sarabande), plus une touche de rigueur intellectuelle qui n’assèche en rien le tableau, mais incite plutôt à la contemplation d’une structure claire, puissante, belle. Les deux protagonistes se rejoignirent pour deux autres sonates, parvenant à marier les timbres de leurs instruments à un point où la fusion des deux fut presque confondante pour ce type spécifique d’instrumentation; l’émerveillement fut peut-être un peu moins grand, ces pièces ne constituant probablement pas en elles-mêmes des témoignages du Bach le plus inspiré. Offert en rappel à un public reconnaissant, l’Andante de la Première sonate pour violon et clavecin, BWV 1014. On repart comblé…et heureux.
Renaud Loranger
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