About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Magnificat!

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
12/06/2003 -  
Georg Friedrich Haendel : Dixit Dominus
Jean Sébastien Bach : Magnificat

Jaël Azzaretti (soprano), Karine Deshayes (mezzo), Christophe Dumaux (contre-ténor), Carlo Vincenzo Allemano (ténor), Derrick Parker (basse)
European Voices
Le Concert d’Astrée
Emmanuelle Haïm (direction)

Poursuivant un cycle Haendel commencé il y déjà quelques années et qui cette saison se concrétise par trois productions lyriques, le théâtre des Champs-Elysées propose ce soir de mettre en parallèle le Dixit Dominus de Haendel avec le Magnificat de Bach, deux oeuvres qui possèdent des sonorités communes. C’est sous la direction d’Emmanuelle Haïm, nouvelle venue en tant que chef dans le monde baroque et qui a fait beaucoup parler d’elle ces trois dernières années, qu’une jeune troupe de chanteurs prometteurs rendent hommage à ces deux compositeurs.



Jaël Azzaretti commence à se faire un nom dans le baroque et chacune de ses apparitions confirme l’excellence de ses moyens vocaux autant que musicaux. Elle semble tenir avec Haendel un compositeur qui lui convient parfaitement car elle peut vocaliser avec beaucoup de justesse - à noter que ses vocalises sont de plus en plus précises au fil des concerts - et en même temps laisser échapper une émotion assez rare. Si elle s’est montrée excellente au cours du concert, elle s’épanouit entièrement dans le bis extrait de l’oratorio Il Trionfo del tempo et del Disinganno. Quels aigus retentissants à faire pâlir plus d’un soprano léger!
Karine Deshayes se met progressivement au baroque et bien lui en prend. La jeune chanteuse séduit par son timbre doux, profond et par la puissance de sa voix soutenu par un souffle qui lui permet d’enlever tout vibrato naturel, comme dans le passage “De torrente” chez Haendel.
Après un Eustazio prometteur dans le récent Rinaldo de René Jacobs et un Endimione sensible et musical dans la reprise de La Calisto au Luxembourg en octobre dernier, le jeune contre-ténor Christophe Dumaux confirme les espoirs placés en sa toute jeune carrière lorsqu’il s’est fait remarqué et apprécié dans le Jardins des Voix de William Christie. Il sait déjà presque tout faire. Ses vocalises sont parfaitement menée puisqu’il reprend du souffle entre deux sur un decrescendo et continue sur un crescendo, ce qui est un tour technique que seuls les grands savent utiliser. Et surtout il déploie une musicalité qui ne demandera qu’à s’épanouir au fil des années. Le passage “spiritus” dans Haendel en est une grande preuve puisqu’il tient une note longue avec grande stabilité tout en produisant une émotion. Mais c’est surtout dans l’air “Esurientes impleuit” de Bach qu’il est le plus remarquable et il chante cela avec grand douceur pour reprendre en mezza-voce et avec une certaine lenteur. Un nom à retenir et un chanteur à aller écouter!
Le ténor Carlo Vincenzo Allemano, sans être complètement décevant, est peut-être celui qui est le plus en retrait et qui montre le moins de personnalité. Son travail est parfaitement honnête, agréable à écouter mais il ne donne pas une âme suffisante aux notes pour se détacher par rapport aux autres interprètes si originaux.
La basse Derrick Parker n’a malheureusement qu’un air solo dans tout le concert et on n’a guère le temps d’apprécier à sa pleine mesure l’étendue des grandes qualités qu’il esquisse au cours de ce passage. Sa voix est puissante, bien placée mais quelques petits problèmes de justesse sont à noter.


Quant à Emmanuelle Haïm et à son ensemble Le Concert d’Astrée, ils n’appellent que des éloges. Quelle précision, quelle énergie dans la conduite de sa direction. Si Haendel est un de ses compositeurs fétiches, le jeune chef fait une très belle percée dans le monde de Bach. Toutefois elle devrait un peu améliorer la liaison des différentes phrases musicales car, parfois, on aperçoit un peu trop la facture de l’oeuvre.


Un bien beau concert qui permet d’entendre une nouvelle génération de solistes et un ensemble qui connaîtra sûrement une longue carrière. C’est du moins ce que l’on leur souhaite quand on entend une telle qualité musicale!



A noter:
- un superbe Didon et Enée vient de sortir en disque et E. Haïm a réuni Susan Grahman, Ian Bostridge, David Daniels…
- Le concert d’Astrée revient au TCE pour plusieurs concerts, le 4 mars pour le madrigal Le combat de Tancrède et Clorinde de Monterverdi et le 29 mars pour l’oratorio David et Jonathas de Charpentier.


Manon Ardouin

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com