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Tradition Paris Théâtre des Champs-Elysées 12/02/2003 - Franz Schubert : Symphonie n° 3, D. 200
Wolfgang Amadeus Mozart : Symphonie concertante pour instruments à vent, K. 297b – Symphonie n° 41 «Jupiter», K. 551
Alexandre Gattet (hautbois), Pascal Moraguès (clarinette), Giorgio Mandolesi (basson), André Cazalet (cor)
Orchestre de Paris, Wolfgang Sawallisch (direction)
De retour d’une triomphale tournée berliozienne aux Etats-Unis (voir ici et ici), l’Orchestre de Paris change à nouveau de décor (après Mogador, le Châtelet et Carnegie Hall). Pourtant, de toutes les formations, notamment parisiennes, entendues depuis le début de la saison dans cette salle impitoyable, c’est sans doute celle dont la sonorité globale paraît à la fois la plus cohérente et la plus flatteuse. Mais cela est sans doute également dû au talent de Wolfgang Sawallisch, invité régulier de l’orchestre depuis dix saisons, qui donne ce mois-ci deux séries de deux concerts, la première étant consacrée à Schubert et à Mozart, le seconde à Richard Strauss. Echange de bons procédés, en quelque sorte, maintenant que son successeur à la tête de l’Orchestre de Philadelphie n’est autre que… le directeur musical de l’Orchestre de Paris, Christoph Eschenbach.
Le premier concert de cette première série débutait par la Troisième symphonie (1815) de Schubert. Juché sur un tabouret de contrebassiste et dirigeant avec une grande économie gestuelle, le chef allemand, qui a fêté ses quatre-vingts ans le 26 août dernier, n’est sans doute plus à l’âge où l’on remet en cause ses conceptions: il fait contraster les mouvements extrêmes – dans lesquels, respectant les reprises, il opte pour des tempi amples, tout en soulignant les crescendos et les contrastes dynamiques – avec les mouvements centraux, non dépourvus de grâce et d’élégance (Allegretto, d’ailleurs plutôt joué Andante con moto, et Trio du Menuetto) ou même de vivacité (Menuetto proprement dit). Plus proche de Schumann que de Haydn ou Mozart, il offre une lecture d’une solidité à toute épreuve, fondée sur un effectif relativement important (cinquante cordes) qui confère une indéniable rondeur à l’ensemble.
Composée pour quatre musiciens de Mannheim, la Symphonie concertante pour instruments à vent (1778) n’en était pas moins destinée à Paris et c’est donc un juste retour des choses que d’entendre les solistes de l’Orchestre de Paris se l’approprier de façon aussi admirable, sans tirer la couverture à soi, tant individuellement, l’un par rapport à l’autre, que collectivement, vis-à-vis de l’orchestre, qui les sertit d’un écrin soigné et confortable: la fusion, pourtant encore plus difficile à réaliser dans cette redoutable acoustique, s’opère donc constamment. Pour l’occasion, deux «piliers», côté droit, Pascal Moraguès (clarinette) et André Cazalet (cor), étaient associés à deux «nouveaux», côté gauche, Alexandre Gattet (hautbois), entré en 2000 à l’âge de vingt et un ans, et Giorgio Mandolesi (basson), entré en mars dernier. Tous quatre mettent la barre très haut pour l’Orchestre philharmonique de Radio France qui abordera la même oeuvre le 19 décembre prochain sous la direction d’Armin Jordan.
Alors que l’on a tout récemment pu entendre ici même Schumann avec trente-deux musiciens (voir ici), Sawallisch doit être le seul aujourd’hui à encore requérir, dans la Quarante et unième symphonie «Jupiter» (1788) de Mozart, soixante-dix instruments, dont seize premiers violons, et ce, sans pour autant doubler les bois. Quel contraste pour un orchestre qui, ces dernières années, a pratiqué Mozart avec Frans Brüggen! Malgré cette masse imposante de cordes, le discours n’est pas pesant ni même grandiose pour autant, mais plutôt sérieux et sans surprises, plus posé que juvénile, mais non sans vigueur, faisant triompher le legato et gommant les aspérités du texte. Hormis un Menuet assez allant, l’impression dominante est celle de tempi modérés – d’autant que les reprises sont intégralement respectées, y compris, par conséquent, les deux du Molto allegro final, ce qui est assez rare pour mériter d’être salué – et d’un souci de la belle ouvrage, qui ne s’interdit cependant pas quelques grands gestes, ralentissements du flux ou silences prolongés.
Simon Corley
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