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Entente cordiale

Paris
Centre tchèque
12/01/2003 -  
Maurice Ravel : Introduction et allegro
Arthur Honegger : Rapsodie, H. 13
Vaclav Riedlbauch : Quintette à cordes (création française)
Zdenek Lukas : Quartetto con flauto (création française)
Bohuslav Martinu : Quatuor avec piano, H. 287

Ensemble Martinu: Miroslav Matejka (flûte) [1, 2, 4], Radka Preislarova (violon) [1 à 4], Bledar Zajmi (violoncelle) [1, 3, 4], Daniel Wiesner (piano) [2, 4, 5] – Ensemble Calliopée: Renaud Desbazeille (clarinette) [1, 2], Sandrine Chatron (harpe) [1], Saskia Lethiec (violon) [1, 3, 5], Karine Lethiec (alto) [1, 3, 5], Véronique Marin (violoncelle) [3, 5]


Le Centre tchèque continue de célébrer l’entente cordiale avec la France: non seulement les compositeurs sont originaires des deux pays, comme deux jours plus tôt (voir ici), mais aussi les musiciens: à l’Ensemble Martinu – dans une formation originale regroupant flûte, violon, violoncelle et piano... qui a adopté le nom du plus français des compositeurs tchèques – se joint en effet l’Ensemble Calliopée... qui est en résidence au Centre tchèque. En l’absence, une fois n’est pas coutume, de Guy Erismann, grippé, ce sont les musiciens qui présenteront eux-mêmes successivement les œuvres.


Il est heureux que cette association de forces franco-tchèques ait pu permettre d’entendre le rare Introduction et allegro de Ravel (1905): la flûte, la clarinette et le quatuor à cordes y entourent énergiquement la harpe de Sandrine Chatron. Encore plus rare, la Rapsodie en fa majeur pour deux flûtes (ou flûte et hautbois, ou deux violons), clarinette (ou alto) et piano (1917) de Honegger est donnée dans une version «mixte», avec une flûte, un violon et une clarinette. Au cours de ces huit minutes, on demeure le plus souvent dans un univers debussyste, quoiqu’avec d’indéniables et bien honeggeriennes préoccupations contrapuntiques, mais la partie centrale se caractérise par une verdeur déjà plus proche de l’esthétique du futur Groupe de six.


Actuellement mené par le remarquable flûtiste Miroslav Matejka, l’Ensemble Martinu a été fondé en 1978 par Jan et Josef Riedlbauch, mais c’est le Quintette à cordes (2002) de leur frère Vaclav, né en 1947 et par ailleurs directeur de la Philharmonie tchèque, qui trouve sa création française à l’occasion de cette soirée. Reprenant la formation à deux violoncelles marquée par le Quintette de Schubert et créé l’an dernier par le Quatuor Stamic, il consiste en trois mouvements d’une durée totale de vingt-quatre minutes. Il consiste en une sorte de synthèse entre l’ironie du désespoir et la métaphysique du dernier Chostakovitch (avec un mouvement final sous-titré «La petite danse macabre»), la technique d’un Bartok – les cordes passant en revue les différents modes de jeu avec l’archet (harmoniques, col legno, etc...) ou en pizzicato – et le langage d’un Janacek, fait de courts fragments reliés par des silences ou par un accompagnement stable et répétitif.


Membre du groupe «Quattro» fondé en 1996 avec Otmar Macha, Lubos Fiser (1935-1999) et Sylvie Bodorova, Zdenek Lukas (né en 1928), plus connu pour sa musique chorale, est représenté par les trois mouvements de son bref (un quart d’heure) Quartetto con flauto (1992), également offert en création française et faisant appel à un effectif instrumental qui est exactement celui de l’Ensemble Martinu. D’esprit plus conforme à une certaine tradition tchèque, cette musique, qui met notamment en valeur la flûte et le violoncelle, semble prolonger le Martinu des années 1940, tant par ses enchaînements harmoniques que par sa verve mélodique, sa rythmique bondissante ou sa façon de s’enrouler sur elle-même en spirale. Difficile de ne pas penser aux nombreuses œuvres dédiées par Martinu à des formations voisines, notamment le Trio pour flûte, violoncelle et piano (1944), ou au caractère pastoral de la Deuxième symphonie (1943).


C’est précisément de cette période que date le Quatuor avec piano (avril 1942) de Martinu, déjà entendu au Centre tchèque, en partie grâce aux mêmes interprètes (voir ici), de telle sorte qu’on aurait pu espérer bénéficier du Second quintette avec piano. Quoi qu’il en soit, les trois solistes de Calliopée (Saskia et Karine Lethiec, Véronique Marin) et Daniel Wiesner (pianiste de l’Ensemble Martinu) privilégient la tension et l’engagement physique: mieux que jamais ressort la progression de l’univers bruyant et agité du Poco allegro – peut-être celui de New York auquel le compositeur commençait tout juste à s’accoutumer – vers la couleur familière et apaisante de l’Allegretto poco moderato, via l’extraordinaire densité expressive de l’Adagio central, qui semble déjà annoncer les deux Duos pour violon et alto (1947 et 1950).



Simon Corley

 

 

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