|
Back
Un hommage amplement mérité Paris
Palais Garnier
11/20/2003 -
Daniel-Lesur : Le Voyage d’automne, Deux chansons de l’Etoile de Séville, Trois études, Berceuses à tenir éveillé, Suite pour quatuor à cordes, Stèle à la mémoire d’une jeune fille, A la lisière du temps, La Nuit rêve
Claude Debussy : Quatuor
Francis Poulenc : Banalités
Valérie Condolucci (soprano), Laurent Naouri (baryton)
Georges Pludermacher (piano), Marielle Nordmann (harpe), Daniel Marillier (contrebasse), Frédéric Chatoux (flûte)
Quatuor Via Nova
Fondateur en 1936 du Groupe « Jeune France » aux côtés d’Olivier Messiaen, Yves Baudrier et André Jolivet, Daniel-Lesur (1908-2002) mériterait à l’évidence que ses compositions trouvent plus qu’aujourd’hui le chemin des salles de concerts et il est heureux qu’en rendant hommage à l’un de ses anciens directeurs (1971-1973), l’Opéra de Paris ait mis en lumière ce très bel artiste.
La musique de Daniel-Lesur est faussement simple, elle s’écoule avec le plus grand naturel, la plus grande clarté, mais en tendant l’oreille, en ayant une écoute analytique on n’identifie pas sans difficulté la structure, le thème, la logique compositionnelle, tout y est infiniment subtil, raffiné, la mélodie est souvent décomposée et passe d’un instrument à l’autre, les lignes se chevauchent, se mêlent, les unissons forment l’exception du discours. Le programme de ce soir mettait l’accent sur des mélodies accompagnées par un petit ensemble instrumental, une forme plutôt rare tant le piano monopolise l’accompagnement de la voix dans le répertoire musical. Mais le quatuor, parfois aidé de deux ou trois instruments, permet à Daniel-Lesur de déployer une finesse et une variété d’écriture rares, qui séduit l’oreille et l’intelligence. Un talent que l’on retrouve dans ses premières œuvres, avec Deux chansons de l’Etoile de Séville, pour baryton et quatuor datant de 1941, comme dans ses dernières avec Le Voyage d’automne (1990) pour baryton, quatuor, harpe, contrebasse, ou A la lisière du temps (1990) pour soprano, quatuor, flûte, contrebasse et harpe, et qui culmine dans La Nuit rêve, donnée en création mondiale, pour soprano, baryton et quatuor. Dans des formes « traditionnelles », Daniel-Lesur fait également preuve d’inspiration comme le démontrent ces Trois études (1962) où le piano juxtapose et enchevêtre habilement les accords, ou la superbe Suite pour quatuor à cordes (1940).
Les interprètes de cette soirée, tous exceptionnels, sont à féliciter chaleureusement, notamment Laurent Naouri, bien connu du public parisien, et Véronique Condolucci, qui vient du Centre de formation de l’Opéra de Paris et qui commence une belle carrière.
daniel-lesur.com
Philippe Herlin
|
