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Bel hommage à Haendel!

Paris
Salle Gaveau
11/19/2003 -  
Georg Friedrich Haendel: airs tirés de divers opéras, Agrippina, Giulio Cesare, …
Philipe Jaroussky (alto)
Concerto Köln

Pour son premier récital parisien de la saison, Philippe Jaroussky choisit de présenter un programme entièrement consacré à Haendel et trouve chez ce compositeur d’excellentes partitions pour démontrer la perfection de sa voix, sa facilité et ses aigus. Accompagné pour l’occasion par le Concerto Köln, le chanteur a fait de ce concert un hommage luxueux à Haendel.



Philippe Jaroussky propose un panorama des plus beaux airs écrits pour sa tessiture. Après avoir incarné Néron l’année dernière sous la direction de Jean-Claude Malgoire lors d’une tournée triomphale, le chanteur aborde maintenant le rôle d’Ottone dans Agrippina, personnage plus sombre, plus intéressant psychologiquement aussi. On sent que ce jeune artiste souhaite faire évoluer son répertoire vers des partitions plus fournies en grave et plus avantageuses sur le plan de l’interprétation. Dans le premier air,“Lusinghiera mia speranza”, il laisse exprimer une émotion rare notamment à travers les “a” lumineux. Pour la reprise, il orne avec de nombreuses vocalises laissant s’épanouir ses aigus remarquables. Le second air chanté est peut-être le plus beau de tout cet opéra: “Voi, che udite”. Mais ici Philippe Jaroussky se montre un peu moins à l’aise car la partition fait appel à des notes un petit peu trop graves pour lui et on lui préférera alors un timbre de contre-ténor comme Lawrence Zazzo qui avait rendu cet air magique dans la récente production d’Agrippina au Théâtre des Champs-Elysées.
Dans Jules César, Philippe Jaroussky dessine les deux facettes du personnage avec cet air si doux qu’est “Aure, deh, per pietà”. Le début permet d’entendre l’originalité propre de cet artiste avec un “au” dans “aure” d’une pureté, d’une tenue inégalées: il nous gratifie en plus d’un long crescendo et decrescendo parfait, plantant le décor tragique de ce passage, et appuie également sur le mot “dolor”. L’autre air choisi “Al lampo dell’armi” est plus spectaculaire.
Mais c’est peut-être dans l’air de Tolomeo, “Stille amare” que Philippe Jaroussky se montre le plus convaincant. Il semble pris par le personnage et entièrement habité par la musique. Dès le récitatif, on le sent engagé, en colère contre sa famille et doux envers son épouse. Les “gia” repris plusieurs fois sont criants de vérité et tout son corps s’anime pour exprimer la douleur du personnage. A ce moment on tient un grand musicien!
L’alto termine son récital par Rinaldo et le célèbre “cara sposa” où il exprime tour à tour la douleur et la colère et ses appels à sa bien-aimée “ritorna” sont très émouvants.
En guise de bis, les musiciens reprennent “Al lampo” sur un tempo encore plus endiablé et énergique et l’air de Ruggiero “Verdi prati” dans Alcina: les soupirs sont aussi beaux que les notes.
Haendel requiert également beaucoup de virtuosité dans les vocalises et Philippe Jaroussky ne laisse échapper aucune note. Son contrôle du souffle est également impeccable et il se sert de micro-respirations pour reprendre et continuer avec autant d’énergie et arriver ainsi à la fin avec encore des réserves et tout en douceur: il fait littéralement mourir les notes finales. Globalement, les airs vifs semblent davantage convenir au chanteur, du moins pour le moment, car il peut laisser exploser la musicalité et l’énergie qui sont en lui et qui s’épanouissent moins dans les airs plus lents. “Al lampo dell’armi” sonne comme un véritable cri de guerre tout comme le “Venti Turbini” de Rinaldo.


La grande valeur du Concerto Köln n’est plus à démontrer et cette fois réunis en ensemble et sans chef pour les diriger, les musiciens se montrent un parfait complément à l’interprétation du soliste. Ils ouvrent le concert avec un Concerto Grosso de Corelli finement interprété notamment dans le deuxième mouvement où ils créent une ambiance assez effrayante avec des valeurs particulièrement longues et étirées. Ils offrent également la chance de (re)découvrir le compositeur Francesco Durante dans un concerto injustement oublié. On retrouve aussi la patte de René Jacobs dans les attaques et les inflexions d’Agrippina car presque tous ont joué cette oeuvre sous sa direction dernièrement.



Philippe Jaroussky confirme, une fois de plus, les espoirs placés en sa jeune carrière. Haendel lui va comme un gant et il serait temps que de grandes maisons d’opéra lui donnent de vrais rôles scéniques pour lui permettre de s’épanouir aussi dans une mise en scène. Une magnifique promenade dans l’univers haendelien par un virtuose qui se transforme peu à peu, mais sûrement, en un musicien accompli!




A noter:
- Philippe Jaroussky donnera un second récital dans le cadre des Concerts Parisiens le 5 mars 2004 au cloître des Billettes en compagnie de la Fenice et Jean Tubéry: “Un concert pour Mazarin”.


Manon Ardouin

 

 

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