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Une équipe irréprochable Paris Opéra Bastille 02/29/2000 - et 3, 7, 10, 14, 17, 21, 23, 26, 30 mars 2000 Georges Bizet : Carmen Olga Borodina (Carmen), Gösta Winbergh (Don José), Jean-Luc
Chaignaud (Escamillo), Mary Mills (Micaela), Henriette Bond-Hansen (Frasquita),
Delphine Haidan (Mercedes), Gilles Ragon (Le Remendado), Franck Leguérinel (Le
Dancaire), Reda El Wakil (Zuniga), LeRoy Villanueva (Morales) Alfredo Arias
(mise en scène) Orchestre et Choeurs de l’Opéra national de Paris, Neeme
Järvi (direction) Entre les nouvelles productions pas très convaincantes
de l’Opéra de Paris (Gomez en 1993 puis Arias en 1997) et de l’Opéra Comique
(Erlo) ainsi que leurs multiples reprises, on commençait à se lasser de
Carmen à Paris. Béatrice Uria-Monzon s’est largement imposée dans le
rôle-titre mais ses multiples réapparitions finissaient par devenir trop
systématiques et exclusives alors que l’on ne désire rien de mieux que de la
voir dans d’autres grands rôles dramatiques. La surprise n’en aura été que plus
grande avec cette équipe combinant de solides seconds rôles remettant l’ouvrage
sur le métier (excellents Franck Leguérinel et Gilles Ragon) et une prise de
risque calculée avec l’apparition d’un nouveau couple maudit. Le timbre sombre
et la maîtrise vocale d’Olga Borodina, que l’on avait déjà pu apprécier l’année
dernière dans Eboli (Don Carlo), font en effet merveille dans le rôle de
Carmen. Gösta Winbergh, connu du public parisien dans le rôle de Lohengrin, fait
également valoir ses grandes qualités vocales (voix très bien posée, d’une
émission très sûre) dans Don José. Refusant tous les effets ou les excès souvent
attachés à ces rôles, Borodina et Winbergh campent un couple très crédible
dramatiquement. Mention très bien également pour Mary Mills, superbe Micaela. On
retiendra également la Frasquita d’Henriette Bonde-Hansen au timbre lumineux, à
la voix très agile et que l’on brûle d’entendre dans des rôles plus importants.
Neeme Järvi, grand interprète de Sibelius, Prokofiev ou Grieg, qui sait ce que
les mots précision et intensité veulent dire, dirige un orchestre vif et sans
fioritures et assure le " liant " nécessaire à cette équipe qui signe
là une des meilleurs Carmen de ces dernières années. Philippe Herlin
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