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Ambassadeurs

Paris
Théâtre Mogador
10/05/2003 -  

Ludwig van Beethoven : Symphonie n° 6 «Pastorale», opus 68
Manuel de Falla : Nuits dans les jardins d’Espagne
Carlos Chavez : Symphonie n° 2 «India»

Guillermo Gonzalez (piano)
Orchestre symphonique de l’Etat de Mexico, Enrique Batiz (direction)

Pour le dernier des six concerts d’une tournée européenne qui l’aura conduit successivement en Espagne, en Pologne et en Allemagne, l’Orchestre symphonique de l’Etat de Mexico – à ne pas confondre avec l’Orchestre philharmonique de la ville de Mexico – avait initialement prévu un programme alléchant (Villa-Lobos, R. Halffter, Chavez, Ginastera, Revueltas et Moncayo). Celui-ci fut toutefois ultérieurement modifié, Chavez devenant le seul représentant du Mexique, et même de l’Amérique du Sud, tandis que de façon plus inattendue, Falla et, surtout, Beethoven faisaient leur apparition. Le mélomane français (et allemand) avait-il été jugé indigne de découvrir la musique indigène? Mais qu’à cela ne tienne, même si le public n’a pas répondu massivement présent, ce n’est pas tous les jours qu’une formation mexicaine vient nous rendre visite et les bis devaient venir finalement compenser largement cette attente déçue.


Enrique Batiz, qui a fondé l’orchestre en 1971 et l’a dirigé jusqu’en 1983, en est à nouveau le responsable depuis 1990. A la tête d’un effectif fourni (soixante cordes), il donne de la Sixième symphonie «Pastorale» (1808) de Beethoven une interprétation solide, aux sonorités rondes, faisant bien ressortir les différentes voix, mais nullement statique, aux attaques franches, bien enlevée dans les mouvements rapides, plus robuste que poétique dans le mouvement lent.


Dans les Nuits dans les jardins d’Espagne (1915), il privilégie un postromantisme démonstratif, au détriment des subtilités debussystes de la partition, mais à l’unisson du piano énergique de Guillermo Gonzalez. Le pianiste espagnol, directeur du Festival international de Jaen depuis 1990, qui enregistre actuellement une intégrale Albéniz pour Naxos, offre en bis une délicate Sonate en ré majeur K. 492 de Scarlatti, avec toutes ses reprises et un rubato délicieusement suranné, sans en forcer le caractère hispanisant.


Pour conclure la partie officielle du programme, un salut à Carlos Chavez (1899-1978) était tout indiqué: non seulement le compositeur fut, à l’image de Villa-Lobos au Brésil, celui qui organisa les institutions et la vie musicales de son pays, mais sa Deuxième symphonie «India» (1936) – page colorée et animée, en un seul mouvement, à mi-chemin stylistique et géographique entre Copland et Villa-Lobos – à défaut d’être la plus révolutionnaire, à tous les sens du terme, de son catalogue, pouvait constituer une brillante péroraison.


En réalité, le concert était heureusement loin d’être terminé, car Enrique Batiz, convenant qu’il eût été dommage que son orchestre s’en tînt à ce petit quart d’heure de musique mexicaine, se transforma alors en ambassadeur de la musique de son pays pour présenter rien moins que vingt-cinq minutes de bis, permettant ainsi, une fois n’est pas coutume, d’entendre à Paris trois de ses plus fameux «tubes» classiques. Peut-on résister au radieux et entraînant Huapango, sous-titré Trois airs de Veracruz (1941), de José Pablo Moncayo (1912-1958), créé sous la direction de Chavez et qui fait se succéder trois danses populaires locales (siquisirií, balaju et gavilán)? Un rien plus nostalgique, au parfum peut-être plus argentin, Danzon n° 2 (1994) d’Arturo Marquez (né en 1950), n’en est pas moins admirablement défendu avec ferveur par cette formation – quel formidable trompette solo! – qui unit dans un même élan Mexicains, Américains du Nord et anciens ressortissants de l’Union soviétique. Plus ambitieux, Sensemaya (1938) de Silvestre Revueltas (1899-1940) – qui fut, avec Chavez, l’autre grande figure du Mexique – défendu en son temps par Bernstein, opère une sorte de fusion entre Stravinski et Villa-Lobos, en une transe admirablement restituée par des musiciens survoltés.



Simon Corley

 

 

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