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Orgue Symphonique

Toulouse
Cathédrale Saint-Etienne
10/04/2003 -  
Camille Saint-Saëns: Symphonie n°3 « avec orgue » en ut mineur, op. 78
Camille Saint-Saëns: Cyprès et Lauriers, op. 156

Philippe Lefebvre (orgue)
Orchestre National du Capitole, Stéphane Cardon (direction)

A quelques années lumières la saison dernière, le festival Toulouse les Orgues redescend sur terre pour nous concocter un menu des plus gastronomiques. Ne vous y trompez pas, nous parlons bien de musique : « Amours, délices et Orgues » est le thème de ces quinze jours de fête et des plaisirs de la table.

Le cru 2003 saura ravir les appétits les plus féroces avec plus de cinquante concerts à savourer : concerts du soir, déjeuner concerts, rencontres avec le jeune public, escapades touristiques en région, concerts aubades ou encore ciné concerts, il y en aura vraiment pour tous les goûts.

Cette 8ème édition donne également le coup d’envoi dans neuf villes européennes du premier festival de l’orgue. Autre fait marquant, la richesse de la distribution : l’Orchestre National du Capitole, l’Orchestre National de chambre de Toulouse, Olivier Latry et Philippe Lefebvre, titulaires des grandes orgues de Notre Dame de Paris, Brigitte Fossey qui contera St Exupery, Baudelaire et Hugo...

Affiche d’exception pour l’inauguration du festival, dédiée au compositeur français Camille Saint-Saëns. A admirer cette imposant et majestueux orgue, on pouvait craindre une certaine démesure avec l’Orchestre. Il n’en fut rien, Monsieur Lefebvre par ces improvisations sur 2 thèmes de Gluck (Orphée et Euridis) et Wagner (Tristan et Iseult) démontra brillamment que l’orgue de la cathédrale Saint-Etienne peut se révéler sombre, mystérieux dans des nuances intimistes ou au contraire brillant et éclatant.

Cyprès et Lauriers, créée 30 ans après la troisième symphonie, combine à nouveau orgue et orchestre. Mais dans un tout autre genre. En quelque sorte une musique à programme; Saint-Saëns se plaisait à dire que Cyprès, morceau pour orgue seul, pouvait être joué «séparément dans les cérémonies funèbres». Autant dire que nous sommes loin du thème festif annoncé. Grave, sombre, puis paisible et résignée, la démonstration d’orgue fut très convaincante même si les tempi un soupçon trop rapides laissent le caractère apaisé de l’œuvre en retrait. Il faut attendre Lauriers pour voir éclater l’orchestre dans une sorte de marche patriotique, une fanfare militaire où orgue et orchestre se répondent alternativement.

Stéphane Cardon et l’Orchestre du Capitole ont du composer avec un ennemi de taille, l’acoustique de la cathédrale. Si les cordes sont bien présentes (le placement étant libre, mieux valait arriver en avance pour espérer une bonne place) les cuivres et vents ont cruellement souffert de la grandeur de la cathédrale et de l’emplacement de la scène. Le fond de scène ouvert d’un côté, celui des cuivres, absorbait les sons et ne renvoyait qu’un écho trop discret pour retranscrire le caractère héroïque de cette œuvre. C’est dommage car la prestation demeure de qualité dans des conditions difficiles. Pour employer des termes culinaires, l’Orchestre joue sur des œufs, et il suffit d’un petit rien pour faire tourner la mayonnaise! Stéphane Cardon et l’Orchestre ont a plusieurs reprises frôlé cette perte d’équilibre mais le chef, grâce à sa direction précise (quoique trop académique) parvient à chaque fois à remettre ses troupes sur les rails.

Charme des mélodies et puissance des sons, voilà comment on pourrait définir la troisième symphonie de Camille Saint-Saëns. Créée en 1886, l’œuvre connut un immense succès et ne quitta plus les programmes. Paradoxalement, cet incontournable bijou d’orchestration ne fut jamais donné dans le cadre de Toulouse les Orgues. Cordes, bois, cuivres, percussion, piano et orgue, une formation des plus insolites pour l’époque où la rigueur d’interprétation est indispensable pour ne pas basculer dans la lourdeur et le fracas. C’est pourtant ce qu’il en ressort; criarde, imprécise, l’interprétation souffre d’un cruel manque de romantisme et de grandeur. Mais avec un peu de recul, que pouvait tirer Cardon de cette si admirable construction ? La critique est facile, mais l’art...

Si la symphonie comporte les quatre mouvements traditionnels, Saint Saëns voulait éviter « d’interminables répétitions ». Il inventa une forme originale composée de deux grandes parties: le premier mouvement, interrompu, sert d’introduction à l’adagio et le scherzo est relié au finale. En diminuant les tempi pour faire passer les notes répétées des cordes annonçant le Dies Irae grégorien lors de l’introduction, Cardon ne pouvait éviter une certaine épaisseur. Comme dans Cyprès et Lauriers, vents et cuivres ont du mal à s’imposer, à tourmenter et faire éclater cette introduction. En revanche, l’adagio est sublime, les nuances des violons avec le riche fond harmonique de l’orgue traité en « pp » est habile. Suit le scherzo ou l’on retrouve le thème du Dies Irae, traité ici avec un peu plus de ferveur, très convaincant! L’intervention du piano ajoute de la brillance quant au finale, il atteint cette dimension héroïque qu’on attendait depuis le début. On aurait souhaité un piano plus présent, cette formation est si rare dans les symphonies! Le parcours de l’œuvre par Cardon se voulait sobre, retenu parfois trop rigide et intériorisé mais qui finalement rend un bon résultat dans son ensemble quand à Philippe Lefebvre, il a su tout au long de ce programme accompagner l’orchestre sans jamais l’écraser.

Pour conclure, un disque, celui de Marie Claire Alain qui signa pour Erato une excellente version de cette troisième symphonie. Marie Claire Alain qui sera d’ailleurs présente le 14 octobre, à l’occasion d’une journée en pays Lauragais. A vos agendas, la prochaine quinzaine risque d’être chargée !




Festival international Toulouse les Orgues
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Fabrice Candia

 

 

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