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Quel métier!

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
10/03/2003 -  
Ludwig van Beethoven : Triple concerto, opus 56
Ottorino Respighi : Les Fontaines de Rome
Igor Stravinski : L’Oiseau de feu (Seconde suite)

Michel Béroff (piano), David Grimal (violon), Marc Coppey (violoncelle)
Orchestre philharmonique de Radio France, Rafael Frühbeck de Burgos (direction)


Deux parties dépourvues de tout lien pour ce programme, puisqu’à une relative rareté beethovénienne succédaient deux pièces maîtresses de la science orchestrale du début du XXe siècle.


Relative rareté, car malgré son caractère en tous points atypique (effectif, forme, style), le Triple concerto (1804) de Beethoven apparaît, bon an mal an, une fois par saison à Paris: Michel Béroff, David Grimal et Marc Coppey succèdent ainsi aux Wanderer (voir ici), à Braley et aux frères Capuçon (voir ici) et à Pennetier, Pasquier et Pidoux (voir ici). Sans résoudre nécessairement la problématique de l’oeuvre, les trois solistes – qui auraient plutôt mérité chacun une apparition séparée dans des concertos plus substantiels – s’acquittent de leur tâche avec honnêteté, et même davantage dans la belle méditation du Largo. Dans les mouvements extrêmes, lestés par des tempi modérés et par un accompagnement puissant, presque massif, ils jouent sur les contrastes pour tenter de maintenir l’intérêt; les cordes, engagées voire rugueuses, y entretiennent une belle complicité, le piano paraissant plus objectif, plus distant.


Dans Les Fontaines de Rome (1916), premier volet du triptyque romain de Respighi, Rafael Frühbeck de Burgos, à l’image d’une battue à la fois économe et peu orthodoxe, n’en rajoute pas et livre une lecture fidèle, naturelle, claire et transparente d’une musique qui n’appelle pourtant pas toujours la retenue. Limpide, en un mot. D’une aisance stupéfiante, l’orchestre, en état de grâce, ne touche pas terre.


Quelque peu inattendu, le rapprochement avec L’Oiseau de feu (1910) n’en est pas moins pertinent, car le jeune Stravinski est alors celui qui pousse dans ses derniers retranchements les enseignements de l’école russe d’orchestration (durant ses séjours en Russie, entre 1900 et 1903, le compositeur italien fut également l’élève de Rimski). Leçon d’orchestration d’un côté, leçon de direction d’orchestre de l’autre: car si tous les choix de Frühbeck de Burgos, qui vient de fêter ses soixante-dix ans, ne sont pas incontestables, ils ont le mérite, à une époque trop souvent marquée par la standardisation, de révéler une personnalité, qui fait parfois penser au tempérament péremptoire et fantasque d’un Svetlanov. Obtenant une mise en place superbe et raffinée, le chef espagnol combine une démarche analytique, favorisée par l’acoustique du Théâtre des Champs-Elysées, et une volonté expressive, passant notamment par une grande fluctuation du tempo. L’exercice tient parfois de la corde raide, comme dans une Danse de l’oiseau de feu presque désarticulée tant elle est lente, mais on aura rarement entendu Danse infernale plus inhumaine. L’ovation que les musiciens réservent à Frühbeck de Burgos en fin de concert, dès le premier rappel, est d’une unanimité et d’une intensité rares.


Ce concert sera diffusé sur France Musiques le vendredi 31 octobre à 20 heures.



Simon Corley

 

 

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