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Adéquation parfaite entre scène et fosse

Geneva
Grand Théâtre
09/20/2003 -  et les 22, 25*, 27, 29 septembre, 3 et 5 octobre 2003
Modest Moussorgski: Boris Godounov
Julian Konstantinov (Boris Godounov), Anke Vondung (Fiodor), Rachel Harnisch (Xenia), Graham Clark/Pierre Lefebvre (le Prince Chouïski), Armand Arapian (Tchekalov), Alexander Anisimov (Pimène), Andreï Lantsov (Grigori, le faux Dimitri), Feodor Kuznetsov (Varlaam), Bernard Van der Meersch (Missaïl), Irina Tchistjakova (l’Hôtesse), Vsevolod Grivnov (l’Innocent), Dominique Cherpillod (la Nourrice), Bisser Terziyski (un boyard), Romaric Braun (Mityoukha), Slobodan Stankovic (premier officier de police), Dimitri Tikhonov (deuxième officier de police)
Chœurs du Grand Théâtre, Ching-Lien Wu (direction), Chœur Orpheus de Sofia, Krum Maximov (direction), Maîtrise du Conservatoire populaire de Genève, Magali Dami (direction)
Orchestre de la Suisse Romande, Bernhard Kontarsky (direction)
Pierre Strosser (mise en scène et décors)

En ouverture de saison, le Grand Théâtre de Genève a choisi de présenter la version dite «initiale» du chef-d’œuvre de Mussorgski. Datant de 1869, cette version est refusée par la censure pour cause d’absence de rôle féminin principal. Le compositeur revoit alors sa copie et livre en 1872 ce qu’on appelle la version «originale», celle qui est le plus souvent représentée aujourd’hui. Pour beaucoup de spectateurs, le Boris «initial» est une révélation, un choc même: à peine deux heures de musique, pas d’acte polonais, pas d’idylle entre Marina et Grigori, pas de scène finale où le peuple acclame le nouveau tsar, bref tout est centré sur Boris et sur les jeux complexes du pouvoir.

La mise en scène met admirablement en valeur cette édition musicale décapée. Oubliées les scènes de foules spectaculaires et hautes en couleur, oubliés les fastes de la cour impériale, oubliés les couronnes, les bijoux et les manteaux de zibeline… Pierre Strosser élimine tout superflu pour se concentrer sur le jeu des personnages et sur les relations qui se tissent entre eux. L’action est transposée au début XXe siècle, avec pour décor unique la Douma, le parlement russe: une portion d’hémicycle de bois aux teintes sombres, théâtre politique qui fait office tour à tour de place publique, de cellule de moine, d’appartements du tsar, de parvis de cathédrale, renforçant la continuité de l’œuvre. Rarement l’adéquation aura été aussi parfaite entre scène et fosse.

Sur le plan vocal, il convient de distinguer en particulier le Boris de Julian Konstantinov et le Pimène d’Alexander Anisimov. Le premier, déjà applaudi à Paris dans la production de Francesca Zambello, rend magnifiquement la solitude et les tourments du tsar, qui pourraient pourtant sembler en contradiction avec sa taille immense. Le second incarne un moine parfaitement digne, à la voix impressionnante de profondeur. Il serait trop long de citer dans le détail les 14 autres personnages de cette distribution, sinon pour relever l’excellent niveau de l’ensemble. A signaler que pour la troisième représentation, Pierre Lefebvre a été appelé de Lyon à la dernière minute pour chanter le prince Chouïsky en tenue de ville sur un des côtés de la scène, alors que le titulaire, Graham Clark, souffrant d’une bronchite, jouait le rôle sur le plateau. Une mention spéciale également à Bernhard Kontarsky, à la direction vive et dynamique. Un début de saison brillamment réussi!



Claudio Poloni

 

 

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