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Deux arts se rencontrent

Toulouse
Halle aux Grains
05/22/2003 -  
Eleni Karaindrou : l’Apiculteur, le Regard d’Ulysse, l’Eternité et un jour
John Williams : les Aventuriers de l’Arche perdue, la liste de Schindler, Jurassic Park
Maurice Jarre : Docteur Jivago, la route des Indes, la fille de Ryan, l’homme de Kiev, l’Etau, la nuit des généraux, Lawrence d’Arabie, l’Homme qui voulait être roi, Witness

Orchestre National du Capitole de Toulouse, Alexandre Myrat (direction)

Silence, moteur, action ! C'est en ce mois dédié au cinéma, en plein festival de Cannes, que le 7ème art rencontre la Musique à la Halle aux Grains. L'Orchestre National du Capitole de Toulouse, soucieux de la diversité de ses concerts, consacre une soirée à trois compositeurs du grand écran.

Simple soutien musical aux temps du cinéma muet, la musique est aujourd'hui indissociable de la pellicule. Mieux, les compositions sortent désormais des salles obscures pour souvent figurer aux hit-parades des ventes.

La programmation revue de ce concert a malheureusement effacé la Seven Stars Symphony, composée aux prémices de la musique au cinéma, en 1933. Charles Koechlin cède sa place à deux compositeurs de notre époque, à l'approche musicale résolument différente : Eleni Karaindrou et John Williams.

Fruit d'une étroite collaboration avec Théo Angelopoulous, la musique de Eleni Karaindrou accompagne tous ses films depuis Voyage à Cythère en 1984. Loin de la musique d'accompagnement, Eleni Karaindrou n'est pas une compositrice de cinéma, sa musique est souvent le fruit d'un travail personnel et non prémédité qui loin d'accompagner, va au-delà de ce que l'image ne dit pas.

L'Apiculteur mêle à la fois musique classique et traditionnelle, de par l'emploi du populaire accordéon et du rythme de valse, invite à la danse. Mais au-delà, c'est une profonde émotion qui est mise en valeur par le trio original piano/accordéon/violon. Cette élégance et cette émotion, confiées cette fois à la clarinette et au haut-bois, se retrouvent également dans le Regard d'Ulysse ; film difficile d'une aventure humaine teintée d'espoir que soulève à merveille la musique d'Eleni Karaindrou. L'éternité et un jour reste aussi dans ce même esprit; les mouvements sont lents et les thèmes sont développés petit à petit. L'orchestre National du Capitole est sacrément à l'aise, sa couleur, sa finesse que l'on trouve dans leur interprétation de musique française donne un brillant résultat. Les tempi sont larges et la direction d’Alexandre Myrat sait manier à la fois le flou et la précision, le réel et l'imaginaire. Trois bijoux qui méritaient un accueil plus chaleureux et constituaient à eux seuls l'intérêt de ce programme.

Place aux super productions des studios d'Hollywood, avec trois films mythiques, trois musiques mythiques signées John Williams, le vétéran de la musique de film américaine. Opposition des genres, où les inspirations mahleriennes et d’Arvo Pärt de Eleni Karaindrou rencontrent Prokofiev, Bartok et Stravinsky. Le choc du son également avec le thème The Raiders March du film Les aventuriers de l’Arche perdue. Une interprétation plutôt décevante, trop "gentille", de ce thème d'action. Le héros d'un soir a bien eu du mal à faire respecter les tempi. Certes il y avait du son mais un certain manque d'homogénéité. Difficile également de respecter un juste équilibre entre les instruments pour ces bandes sons épiques où les studios d'enregistrement jouent un rôle très important. Autre bémol, la transition maladroite entre la pure fiction et cette page noire de notre histoire. La Liste de Schindler et son thème bouleversant fut l'autre moment fort de cette soirée. Oublions les passages délicats dans les aigus du violon solo pour s'attacher à la douleur mais aussi l'espoir qu'il a réussi à faire passer. Une interprétation à la hauteur de ce poignant chef d’œuvre ! Retour à la fiction pour conclure cette première partie avec une bonne performance du thème de Jurrasic Park. L'occasion de prêter attention à la qualité des nombreux cuivres de l'Orchestre !

La France aussi a son compositeur de musiques de films: Maurice Jarre. Son palmarès n'a rien à envier à son homologue américain : trois Oscars, deux British Academy Awards, quatre Golden Globe Awards… L'occasion ce soir de réentendre quelques-uns uns de ces plus beaux thèmes. On citera notamment Docteur Jivago avec ses mandolines, plutôt rares dans l'orchestre, la fille de Ryan ou apparaît l'Onde Martenot. C'est un instrument d'ondes électronique qu'il ne faut pas confondre avec musique électronique. Les variations de hauteur des sons sont obtenues soit par le jeu sur un clavier ou par le déplacement d'une bague reliée à un potentiomètre spécial par un fil souple. Suivirent également l'homme de Kiev, l'Etau, la brillante fanfare militaire du thème de la la nuit des généraux, l'indémodable Lawrence d'Arabie, l'Homme qui voulait être roi et Witness. Le Grec Alexandre Myrat a réussi à conserver l'attention et la précision de l'orchestre pendant ce long programme, difficile sur de nombreux points, notamment rythmiques.

La soirée s'est achevée avec un bis des Aventuriers de l’Arche perdue, les fans de Spielberg auraient sans doute préféré le thème de la guerre des étoiles. Cette soirée a montré la richesse de ce répertoire qui mériterait qu'on s'y intéresse un peu plus souvent. Il ne manquait plus que les images !


Fabrice Candia

 

 

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