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Une superbe production Geneva Grand Théâtre 04/30/2003 - et 3, 5, 7, 9*, 12, 14 mai 2003 Gioachino Rossini : Le Turc en Italie Nicolas Cavallier (Selim), Patrizia Biccirè (Fiorilla), Giovanni Furlanetto (Don Geronio), Barry Banks (Don Narcisse), Dale Duesing (le Poète), Luisa Islam-Ali-Zade (Zaïde), José Pazos (Albazar). Chœur du Grand Théâtre de Genève, Orchestre de la Suisse Romande, Julia Jones (direction)
Ursel et Karl-Ernst Herrmann (mise en scène), Karl-Ernst Hermmann (décors, costumes et lumières).
La production d’Ursel et Karl-Ernst Herrmann, déjà présentée à Bruxelles en 1995 et un an plus tard au Théâtre des Champs-Elysées, procure toujours le même plaisir. Pas seulement parce qu’elle fourmille de trouvailles toutes plus intelligentes les unes que les autres, mais parce que rien n’y tient du gag gratuit et que l’esprit de la musique n’y est jamais trahi, ce qui de nos jours se doit d’être souligné. On admire surtout la façon dont le passage se fait entre les personnages de l’opera buffa proprement dit et celui du poète Prosdocimo, qui tantôt les observe et tantôt les manipule, trouvant là la matière de son œuvre, comme si ce Turc en Italie rossinien était à mi-chemin entre L’Impromptu de Versailles de Molière et Six personnages en quête d’auteur de Pirandello. Musicalement parlant, le spectacle genevois laisse une impression de grande homogénéité. Deux des chanteurs reprennent d’ailleurs des rôles qu’ils tenaient déjà à Bruxelles et à Paris : Dale Duesing, Prosdocimo exemplaire par l’intelligence du texte, accompagnant avec maestria la plupart des récitatifs, brûlant les planches en cuisinier ou en soubrette, écrasant littéralement le Don Narciso nasal aux vocalises savonnées de Barry Banks. Peu sûre d’elle au début, la Fiorilla de Patrizia Biccirè prend progressivement de l’assurance, notamment dans la coloratura. Les clés de fa sont excellentes, basses bouffes mais jamais grotesques, qu’il s’agisse de Giovanni Furlanetto ou de Nicolas Cavallier - qui devra cependant affiner sa vocalisation. L’orchestre, malheureusement, n’est pas à l’unisson de la mise en scène : au lieu de pétiller, il sonne plat, lissé par la direction scrupuleuse mais laborieuse de Julia Jones. Ce Turc en Italie n’en reste pas moins un des meilleurs spectacles d’une saison qui s’achèvera bientôt avec La Damnation de Faust. Didier van Moere
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