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Carmen, l'inoubliable

Toulouse
Halle aux Grains
04/23/2003 -  
Georges Bizet: Symphonie en Ut majeur, L’Arlésienne (extraits), Carmen (extraits)

Orchestre National du Capitole de Toulouse, Michel Plasson (direction)

A l’occasion de la sortie de la nouvelle Carmen de Michel Plasson, l’association AIDA avait réservé une soirée exceptionnelle à ses adhérents.

Le disque, dans les bacs depuis le 8 avril connaît un succès grandissant. Et pour cause, la distribution est la plus prestigieuse du moment. Mais au-delà de la popularité du couple Alagna/Gheorghiu, tendons l’oreille pour apprécier et savourer la légèreté, la couleur et l’esprit si français que Michel Plasson insuffle dans cette version. Point de gros orchestre ici pour préserver cette élégance et cette délicatesse que l’on trouve également dans la clarté et la brillance du timbre bien choisi de la soprano Angela Gheorghiu. L’homogénéité et les phrasés soignés du Chœur Les Eléments contribuent largement à la transparence de l’œuvre tandis que les enfants de la Lauzeta apportent, vie, fraîcheur et naturel. Don José, alias Roberto Alagna est très convaincant et c’est un véritable bonheur de comprendre les textes sans avoir recours au livret. En revanche, difficile pour Carmen de dissimuler son accent et sa prononciation malgré une assez bonne intonation. Doit-on voir ici les raisons des récitatifs chantés plutôt qu’une version originale pourtant chère à Michel Plasson ? Autre rareté qu’offre cet enregistrement, l’apparition des couplets de Moralès qui précèdent le Chœur des Gamins. Pas moins de douze années furent nécessaires à l’aboutissement de ce disque, marquant une fois de plus l’attachement de Michel Plasson pour notre patrimoine musical français. L’enregistrement se décline en deux versions, une intégrale ainsi qu’une compilation d’extraits à la portée de toutes les bourses, autre souhait du chef, la musique pour tous.

Il est un autre un disque dont la réussite n’est plus à démontrer : Carmina Burana de Carl Orff. Paru en 1995, cet enregistrement a dépassé les 150 000 exemplaires vendus. Fait rare qui méritait d’être souligné puisque Michel Plasson s’est vu remettre en début de soirée un disque d’or à cette occasion.

La soirée musicale pouvait alors débuter avec un programme bien sûr consacré au père de Carmen, Georges Bizet. Une fois n’est pas coutume, c’est le chef en personne qui a brillamment introduit les œuvres devant un public des plus attentifs. La symphonie en ut, écrite par Bizet à l’âge de 17 ans, œuvre de jeunesse oubliée, connut la gloire seulement en 1935, date de la première audition publique. Si le premier mouvement manquait de sensibilité, qu’elle fut exquise cette longue phrase de hautbois ! La mélodie, pure, généreuse, romantique résume à elle seule le génie de la musique française du temps de Bizet. On en oublie les quelques imprécisions des cuivres dans cette partition si délicate tant au niveau des sonorités que des difficultés techniques. Le mouvement conclusif est une belle démonstration de virtuosité de l’orchestre mettant en valeur les contrastes et les enchaînements d’une redoutable rapidité.

Autre pièce incontournable, écrite pour le drame d’Alphonse Daudet et créée en 1872, l’Arlésienne. Le prélude, universellement connu, est admirablement nuancé malgré les tempi très énergiques comme à l’habitude de Plasson. La passion et le tourment laissent ensuite place à la tendresse, dont le motif est confié au saxophone, instrument apparus tardivement et qui ne connut pas un grand succès auprès des compositeurs. La sonorité est raffinée, douce et le tempo bien plus posé. « C’est l’une des plus belles choses de la musique » confia Michel Plasson à propos de l’Adagietto, l’une des plus touchante page de cette soirée, symbolisant les retrouvailles de deux amoureux séparés par le devoir. L’orchestre conclut avec la farandole de la deuxième suite, air de fête où se mélangent subtilement farandole et marche en canon dans une éclatante interprétation.

« On ne peut quand même pas se quitter comme ça, c’est impossible », et retentit l’entracte avant la scène terrible où Don José, d’un acte d’amour désespéré fait couler le sang de sa bien aimée Carmen, hélas déjà perdue. L’orchestre est délicieux de raffinement dans cette partition qu’il connaît bien, après trois semaines d’enregistrement intensif. Et c’est encore le talentueux haut-bois qui effectue ce savant mélange de drame, de tourment à cette espagnolade haute en couleur. Autre page touchante, l’entracte précédent l’acte trois. La scène des contrebandiers, dans la montagne, au petit matin, où la mélodie de la harpe et de la flûte solo laissent imaginer une forêt qui s’éveille peu à peu. « Je me disais bien que j’avais oublié quelque chose » et c’est l’air du toréador qui vint mettre un point d’orgue à ce concert. Ce soir là le toréador était au centre de la Halle aux Grains, et c’est un public debout qui l’acclama tout au long de la reprise de cet air si connu.




Fabrice Candia

 

 

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