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Une soirée avec Carmen et Susanna

Paris
Maison de Radio France
03/14/2003 -  

Rodion Chedrine : Carmen-suite
Paul Hindemith: Sancta Susanna, opus 21


Melanie Diener (Susanna), Dalia Schaechter (Klementia), Marie-Hélène Gatti (Alte Nonne), Alexandra Gouton (Eine Magd), Jean-Louis Depoil (Ein Knecht)
Chœur de Radio France, Lubomir Matl (chef de chœur), Orchestre philharmonique de Radio France, Evelino Pido (direction)


Pour le premier concert du désormais traditionnel week-end thématique de Radio France, intitulé cette fois-ci «Figures érotiques», la patte de René Koering se fait une nouvelle fois sentir sur une programmation originale, forcément, et exhaustive (musique ancienne, jazz, musiques traditionnelles). Dans le domaine dit «classique», les raretés (par exemple Le Rêve de Bruneau donné ce soir en version de concert) le disputent au kitsch (Carmen-suite de Chedrine), sans prétention aucune que de satisfaire la curiosité d'un public qui semble toujours suivre avec intérêt ces trois jours de musique gratuite.


Carmen de Bizet a été diversement arrangée ou adaptée, et a d'ailleurs déjà fait l'objet de suites orchestrales. Pour un ballet créé en 1967, Rodion Chedrine a composé une désormais fameuse Carmen-suite, où le texte original est tour à tour réharmonisé, retranscrit, découpé, déformé, haché et même complété (Boléro n'est autre que la Farandole de L'Arlésienne). Dans ce réjouissant exercice de mauvais goût, du genre «moustaches de la Joconde», confié aux cordes, aux timbales et à quatre percussionnistes, Evelino Pido, avec l'art consommé du théâtre qu'on lui connaît, tient fermement les rênes de l'Orchestre philharmonique de Radio France et conserve autant de chic que le permet la partition.


Cela fait belle lurette que Koering a fait découvrir aux auditeurs de France Musiques Sancta Susanna (1921), un court opéra composé par un Hindemith âgé de vingt-six ans, mais il est heureux de pouvoir l'entendre ainsi en concert. Le thème - une religieuse dont le mysticisme se transforme en passion charnelle pour le Christ - n'est, au fond, scabreux qu'en apparence. La première n'en fut pas moins, à ce que l'on rapporte, bien évidemment houleuse, Hindemith retira l'œuvre de son catalogue en 1934 - pour des raisons fort compréhensibles - mais - ce qui l'est déjà moins - persista, semble-t-il, à la condamner jusqu'à sa mort. Pourtant, la musique en est captivante, depuis l'hypnose jusqu'aux paroxysmes. Quoique d'une grande unité stylistique, la partition fait entendre à la fois les derniers feux du postromantisme chromatique - dans le droit fil de Salomé ou du Poème de l'extase -, la domination de l'expressionnisme qui triomphe alors en Allemagne et les premières manifestations de cette nouvelle objectivité qui allait marquer les années 1920. L'initiative est d'autant plus convaincante qu'elle est servie par d'excellentes solistes (Melanie Diener, à peine amoindrie par un état de santé dont on nous prévint pourtant qu'il était défaillant, Dalia Schaechter, Marie-Hélène Gatti).


Ce concert sera diffusé sur France Musiques le lundi 24 mars à 15 heures 30.



Simon Corley

 

 

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