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Un retour attendu Paris Théâtre des Champs-Elysées 01/28/2003 -
Franz Schubert : Rosamonde, D. 797 (Premier ballet, Deuxième entracte, Mélodie des bergers, Second ballet) Alban Berg : Concerto pour violon «A la mémoire d’un ange» Johannes Brahms : Symphonie n° 4, opus 98
Julia Fischer (violon) Orchestre philharmonique de Monte-Carlo, Marek Janowski (direction)
Après un premier passage en mars dernier avec son Orchestre philharmonique de Dresde (voir ici), c’est non sans émotion - compte tenu de ce qu’il a apporté à la vie musicale parisienne de 1984 à son ultime concert, voici tout juste trois ans (voir ici) - que l’on voit revenir Marek Janowski au Théâtre des Champs Elysées (dans le cadre de la série «Symphoniques»), pour un concert avec l’Orchestre philharmonique de Monte-Carlo, dont il assure la direction artistique et musicale depuis juillet 2000.
D’emblée, les quatre extraits de la musique de scène de Rosamonde de Schubert permettent au chef allemand de montrer qu’il n’a rien perdu des qualités qu’on lui connaissait : baguette toujours aussi précise et impérieuse, pour une musique roborative et sans fioritures, qui sait également jouer des contrastes, comme il sied à celui qui a si souvent dirigé à l’opéra.
Après Sarah Chang (voir ici), c’est encore une toute jeune musicienne (dans sa vingtième année), Julia Fischer, qui se saisit de ce pilier du répertoire qu’est devenu le Concerto à la mémoire d’un ange de Berg, écrit en souvenir de Manon, fille de Walter Gropius et d’Alma Mahler, disparue à l’âge de dix-huit ans. En harmonie avec ses précédentes apparitions parisiennes (voir ici et ici), la violoniste allemande opte pour une approche sobre et sans effusions, parfaitement à l’unisson de l’accompagnement miraculeux qui lui est offert : aucun détail de cette partition riche et raffinée n’est négligé, sans pour autant jamais couvrir la soliste. Cette sûreté de ton se confirme dans un extrait de la Deuxième partita de Bach donné en bis.
La Quatrième symphonie bénéficie d’une lecture d’une hauteur de vue exigeante, parfois presque intimidante. Comme à son habitude, Janowski privilégie des tempi relativement rapides, soulignant, sans alanguissement ni recherche du beau son, l’intensité, voire la violence de l’œuvre. Plus soucieux des attaques et de la dynamique que des phrasés ou du rubato, il est également très attentif à l’équilibre entre les pupitres, préservant la cohérence de la partition plutôt que de mettre en valeur tel ou détail pittoresque.
En bis - et en attendant, qui sait, sa venue avec le Rundfunk-Sinfonieorchester de Berlin, dont il est également directeur artistique depuis cette saison - Janowski propose un retour à une musique de scène. Bien que pris dans un tempo très allant, le Prélude de Pelléas et Mélisande de Fauré, à la fois fluide et dramatique, respire admirablement, rappelant, s’il en était besoin, les affinités que Janowski a su cultiver avec le répertoire français durant son séjour parisien.
Simon Corley
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