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Lugansky au firmament Paris
Théâtre des Champs-Elysées
01/21/2003 -
Wolfgang Amadeus Mozart, Fantaisie en ut mineur K. 475, sonate en fa majeur K.533/K.494
Ludwi van Beethoven, sonate n° 14 en ut dièse mineur opus 27 n° 2 Clair de Lune
Serge Rachmaninov, 5 morceaux de fantaisie op. 3, Etudes-Tableaux op. 33.
Nikolaï Lugansky (piano)
Très beau programme et surtout magnifique pianiste ! Lugansky une fois encore a enchanté un Théâtre des Champs Elysées comble. Il ne choisit pourtant pas la facilité : de Mozart à Rachmaninov en passant par Beethoven, il multiplie les contrastes, révélant non seulement l'ampleur de ses moyens mais surtout le sens poétique qui l'anime.
Un sens poétique dont on remarque cependant qu'il semble s'épanouir particulièrement dans les Rachmaninov. Ce qui n'étonne pas quand on connaît le très beau disque qu'il a consacré à des Préludes et Moments musicaux de ce compositeur. Il sait passer en un éclair d'une évocation murmurée, douce et tendre, à un climat burlesque comme dans le Polichinelle des 5 morceaux de fantaisie op. 3. Il sait aussi créer des effets tout à fait surprenants, comme cette boucle musicale qu'il parcourt dans la Sérénade de la même suite.
S'il a donné une belle interprétation, dramatiquement très bien construite, de la Fantaisie en ut mineur de Mozart, il a été un peu moins convaincant et inspiré dans la Sonate en fa majeur du même Mozart. En revanche, il a envoûté avec la Sonate au clair de lune qui a retrouvé sous ses doigts tout son pouvoir et sa magie, si souvent mise à mal par des interprétations médiocres, incapables de soulever le poids de milliers d'exécutions rabâchées.Mais incontestablement c'est avec les différentes pièces de Rachmaninov qu'on a pu prendre la mesure de son talent : palette de couleurs, variété d'attaques, diversité des moyens d'expression, travail du son.
Dire un mot de la technique est superfétatoire quand il s'agit de Lugansky : inouïe mais jamais fin en soi, elle est au service de la musique, de sa démesure quand démesure il y a, de sa folie quand folie il y a. Elle sert surtout un magnifique pouvoir d'évocation qui se déploie dans tous les registres, du murmure intime au déchaînement symphonique.
Note biographique et discographique
Nikolaï Lugansky est né en 1972 à Moscou dans une famille de scientifiques russes. Développant des dons extrêmement précoces, il travaille avec Tatiana Nikolaeïva et remporte dans les années quatre-vingt plusieurs très grands concours de piano et notamment en 1994 le Concours international Tchaïkovsky.
On peut consulter son répertoire sur le site (en anglais)
http://lugansky.homestead.com/intro.html
Quelques disques (chez Erato) :
Rachmaninov, Préludes, Moments musicaux.
Chopin, 24 préludes
Chopin, Etudes
A paraître : Concertos n° 1 et 3 de Rachmaninov avec le City of Birmingham Symphony Orchestra sous la direction de Sakari Oramo.
Florence Trocmé
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