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Chaplin réinventé Lausanne
Opéra
11/21/2025 - et 22*, 23 novembre 2025
Chaplin
Mario Schröder (chorégraphie), Charlie Chaplin, John Adams, Ruggero Leoncavallo, Alfred Schnittke, Kurt Schwertsik, Pēteris Vasks, Colin Matthews, Johannes Brahms, Hans Werner Henze, Charles Ives, Richard Wagner, Benjamin Britten et Samuel Barber (musique)
Marin Delavaud (Chaplin), Ana Enriquez (Charlot), Julia Weiss (La Mère), Jesse Lyon (Le Père, Un cowboy), Di He (Mildred Harris), Susie Buisson (Paulette Goadard), Lara Wolter (Oona O’Neill), Alexandre Plesis (Le Dictateur), Miquel Lozano (Un cowboy), Ballet de l’Opéra national du Rhin
Mario Schröder (chorégraphie et lumières), Paul Zoller (décors et costumes), Claude Agrefeil, Adrien Boissonnet (mise en répétition), Aymeric Clauvert-Cotterau (reprise, adaptation lumières)
(© BOnR/Agathe Poupeney)
Claude Cortese, qui vient d’entamer sa deuxième saison à la tête de l’Opéra de Lausanne, travaillait auparavant à Strasbourg. C’est donc tout naturellement qu’il a fait venir le Ballet de l’Opéra national du Rhin pour le grand retour de la danse dans l’institution lyrique lausannoise, après plusieurs années d’absence. Et il a eu l’excellente idée de choisir Chaplin, une pièce emblématique de la troupe alsacienne, créée par Mario Schröder à Leipzig en 2010, entrée au répertoire du Ballet de l’Opéra national du Rhin en 2018 et présentée à plusieurs reprises à Strasbourg. La chorégraphie de Mario Schröder, qui a également conçu les lumières, évite le piège de la simple imitation humoristique pour proposer une œuvre poétique et sensible, racontant la vie de Charlie Chaplin, de son enfance misérable à la gloire hollywoodienne et l’exil. Des épisodes emblématiques sont évoqués, comme l’irrésistible danse d’Adolf Hitler avec un globe terrestre, en référence bien sûr au Dictateur, l’un des films les plus célèbres de Chaplin. Le spectacle interroge aussi la place de l’artiste dans la société et les dérives politiques et technologiques. Mario Schröder intègre des éléments du langage corporel de Chaplin, comme la démarche inimitable de Charlot, tout en développant un vocabulaire de danse contemporaine expressif. On retrouve aussi la fameuse canne, le costume étriqué, le chapeau melon ou encore les chaussures beaucoup trop grandes. Le point central de la chorégraphie est une astucieuse mise en abyme qui montre la naissance du personnage de Charlot à travers un duo Chaplin/Charlot (créateur/créature). Cette dualité permet d’explorer la relation fascinante entre l’homme et son double légendaire. Le spectacle utilise un mélange de danse et d’images cinématographiques pour enrichir le récit. La musique est éclectique, mêlant des compositions de Chaplin lui‑même à des œuvres de compositeurs classiques et modernes variés tels que John Adams, Richard Wagner, Johannes Brahms et Samuel Barber, évitant ainsi une simple illustration sonore pour créer une véritable dramaturgie musicale. Le succès du ballet repose en grande partie sur l’interprétation des danseurs qui incarnent les rôles de Chaplin et Charlot, parvenant à rendre la tendresse, la satire et l’émotion caractéristiques de l’artiste original. Un spectacle d’une grande force poétique.
Claudio Poloni
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