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Mozart sévère

München
Herkulessaal
10/30/2025 -  et 31* octobre 2025
Richard Wagner : Tannhäuser : Ouverture
Richard Strauss : Tod und Verklärung, opus 24
Wolfgang Amadeus Mozart : Requiem, K. 626

Erika Baikoff (soprano), Fleur Barron (mezzo), Lunga Eric Hallam (ténor), Lawson Anderson (basse)
Chor des Bayerischen Rundfunks, Hyunju Kwon (cheffe de chœur), Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks, Nathalie Stutzmann (direction)


N. Stutzmann (© Bayerische Rundfunk/Astrid Ackermann)


Il est possible d’entendre et de voir Nathalie Stutzmann avec l’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise dans l’enregistrement de la Troisième Symphonie de Mahler réalisé en 2010 sous la direction de Mariss Jansons. Depuis, sa carrière a évolué de manière remarquable et elle est aujourd’hui surtout reconnue comme cheffe d’orchestre. Elle a notamment dirigé Tannhäuser à Bayreuth en 2023 et a très probablement déjà collaboré avec de nombreux musiciens de l’orchestre lorsque ceux‑ci rejoignent l’orchestre du festival durant l’été.


Son interprétation possède une réelle autorité. Le soin apporté aux plans sonores et aux nuances est manifeste. Un exemple : elle respecte scrupuleusement les indications de Wagner à la lettre A, juste avant l’entrée du thème des pèlerins aux trombones, là où certains chefs recherchent un crescendo plus long qui ne figure pas vraiment dans la partition.


De manière générale toutefois, tant dans cette ouverture que dans Mort et Transfiguration de Richard Strauss qui suit, vents, bois et cuivres semblent répondre avec plus de souplesse à ses intentions que les cordes, un peu monolithiques. On peut y voir la sensibilité d’une ancienne chanteuse, pleinement consciente du cantabile, mais ici les cordes manquent parfois d’imagination. Cela reste néanmoins d’un très haut niveau – nous sommes à Munich.


Le Requiem de Mozart qui suit a une vraie personnalité. Les forces en présence sont importantes : le chœur compte quatre‑vingts chanteurs. Les cordes ne bannissent pas le vibrato, mais certaines influences liées aux pratiques baroques transparaissent : coups d’archet secs, tempi vifs, et rubatos très marqués notamment dans le Rex tremendæ ou le Confutatis.


La conception générale est empreinte d’une certaine sévérité. Les sections s’enchaînent avec peu de respiration, la seule vraie pause intervenant avant les passages complétés par Süssmayr. Placés entre orchestre et chœur, les solistes sont bien équilibrés et témoignent d’une belle musicalité. Les timbres d’Erika Baikoff et Fleur Barron se complètent avec élégance ; Lunga Eric Hallam et Lawson Anderson offrent chacun une voix claire et bien projetée. De son côté, le Chœur de la Radio bavaroise impressionne une nouvelle fois : dramatique dans le Dies Iræ, d’une grande dynamique dans un superbe Confutatis, et admirable de couleurs dans le Voca me.


Au final, une lecture personnelle, plus dramatique que religieuse, qui confirme les qualités de la cheffe française. La direction du Festival de Bayreuth ne s’y est pas trompée, et les wagnériens chanceux présents cet été sur la colline verte pourront l’entendre dans la rareté qu’est Rienzi.


Antoine Lévy-Leboyer

 

 

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