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Une Manon portée par un duo d’exception Zurich
Opernhaus
09/24/2025 - et 27 septembre, 3, 7*, 10 octobre 2025
Jules Massenet : Manon
Lisette Oropesa (Manon Lescaut), Benjamin Bernheim (Le chevalier des Grieux), Yannick Debus (Lescaut), Nicolas Testé (Le comte des Grieux), Daniel Norman (Guillot de Morfontaine), Andrew Moore (Brétigny), Yewon Han (Poussette), Rebeca Olvera (Javotte), Karima El Demerdasch (Rosette), Valeriy Murga (L’hôtelier), Tomislav Jukic, Samuel Wallace (Deux gardes), Henri Bernard (Le portier du séminaire, Un sergent), Caroline Fuss (La servante), Samuel Wallace (Un archer), Tomislav Jukic, Juan Etchepareborda (Deux joueurs)
Chor der Oper Zürich, Ernst Raffelsberger (préparation), Orchester der Oper Zürich, Sesto Quatrini (direction musicale)
Floris Visser (mise en scène), Stephanie Lenzen (reprise de la mise en scène), Dieuweke van Reij (décors et costumes), Alex Brok (lumières), Pim Veulings (chorégraphie), Sina Friedli, Pietro Cono Genova (reprise de la chorégraphie), Kathrin Brunner (dramaturgie)
(© Herwig Prammer)
L’Opernhaus de Zurich propose une reprise de Manon qui vaut essentiellement pour ses deux interprètes principaux. Incarnant une Manon d’abord juvénile et espiègle puis femme du monde sûre d’elle-même et de ses atouts, Lisette Oropesa déploie un timbre superbe et fait preuve d’une grande agilité vocale, excellant dans les passages virtuoses. Cependant, loin de se limiter à une simple prouesse technique, la soprano insuffle une dimension dramatique éblouissante à son interprétation, à même de traduire tous les états d’âme du personnage, naviguant entre moments de bel canto pur et expression du vertige dramatique de Manon. En Chevalier des Grieux, Benjamin Bernheim séduit par sa musicalité, sa noblesse de phrasé et son usage nuancé de la voix mixte, évitant la démonstration excessive. Son interprétation, notamment dans l’air de Saint‑Sulpice « Ah fuyez », est caractérisée par une douceur et une justesse de ton, privilégiant le dialogue intérieur à l’ostentation. Le « Rêve », lui aussi d’une douceur extrême, est un pur moment de grâce. On mentionnera aussi sa diction française superlative et ses aigus étincelants. Cerise sur le gâteau, les voix des deux interprètes se marient parfaitement, faisant de cette reprise un véritable feu d’artifice vocal. Incontestablement, le couple est idéal pour le chef‑d’œuvre de Massenet, difficilement surpassable aujourd’hui.
Pour ses débuts dans le rôle de Lescaut, Yannick Debus incarne un personnage énergique et haut en couleur, avec un grand sens théâtral. Nicolas Testé campe un Comte des Grieux noble et autoritaire, à la ligne de chant élégante. Les autres rôles secondaires sont tous très bien tenus, seul le français laisse à désirer chez certains. Dans la fosse, Sesto Quatrini déborde d’énergie et de fougue, privilégiant le dynamisme et les contrastes au détriment du raffinement. La mise en scène de Floris Visser, étrennée en 2019, est parfaitement claire et lisible ; elle se déroule sur un plateau épuré, meublé seulement de quelques accessoires (tables, chaises, bancs), avec les personnages portant des costumes du XIXe siècle. On l’a dit, cette reprise de Manon vaut essentiellement pour le duo d’exception que forment Lisette Oropesa et Benjamin Bernheim.
Claudio Poloni
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