About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Deux trompettes et des oiseaux

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
09/26/2002 -  

Einojuhani Rautavaara : Cantus arcticus, concerto pour oiseaux et orchestre, opus 61
Heinz Karl Gruber : Aerial, concerto pour trompette (création française)
Dimitri Chostakovitch : Concerto pour piano et trompette n° 1, opus 35 (*)
Igor Stravinski : L’Oiseau de feu (suite, 1919)


Hakan Hardenberger, Marc Bauer (*) (trompette), Peter Jablonski (piano)
Orchestre national de France, Osmo Vänskä (direction)


Difficile de résister à l’une des rares occasions d’entendre en France ce qui est sans doute le seul exemple connu de « concerto pour oiseaux et orchestre », Cantus arcticus (1972) de Rautavaara. Le qualificatif de « concerto » n’est d’ailleurs pas abusif, car outre le fait que l’on peut y distinguer les trois mouvements traditionnels - entre lesquels les chants d’oiseaux préenregistrés ont toutefois la primeur - l’intégration de ces sons « extérieurs » ne se rattache ni, par définition, à une tentative de restitution par les instruments de l’orchestre (à la façon de Beethoven ou de Messiaen), ni même à une reproduction décorative destinée à « enrichir » la partition d’un éclairage « réaliste » et un rien ludique (à la façon de Respighi). En effet, les cris de ces oiseaux arctiques se mêlent à l’orchestre, passant successivement du premier au second plan et entretenant un dialogue continu avec les différentes sections, particulièrement les bois et les cuivres. En fait, davantage qu’une opposition entre les oiseaux et l’orchestre, la musique se présente souvent sous la forme de deux plans sonores qui semblent évoluer de façon indépendante : d’une part, les oiseaux et les instruments de l’orchestre qu’ils entraînent dans leur mouvance, d’autre part, les autres instruments (souvent les cordes), auxquels sont confiés de longues mélodies d’allure modale, rappelant parfois le Vaughan Williams de la Troisième symphonie. La formation orchestrale, quoiqu’assez réduite (bois, cors et trompettes par deux, un trombone, deux percussions, harpe, célesta et cordes), sonne de façon remarquable, d’autant qu’Osmo Vänskä parvient à atteindre l’équilibre très délicat entre les différents pupitres. L’accueil du public n’en est pas moins glacial.


Donné en création française, Aerial (1998-1999) est un concerto pour trompette de Heinz Karl Gruber, inspiré par un poème d’Emily Dickinson (1830-1886). Le trompettiste suédois Hakan Hardenberger, destinataire de cette œuvre qu’il a créée aux « Proms » de Londres en 1999 (voir ici), étonne toujours par la facilité avec laquelle il semble se jouer, plus de vingt minutes durant, des difficultés d’une partition qui ne lui laisse, au sens propre, que peu de temps pour reprendre son souffle. Faisant appel à deux trompettes (dont une piccolo), à un instrument en forme de corne ainsi qu’à une multitude de sourdines et de modes de jeu, Gruber propose une pièce rhapsodique d’un seul tenant, dont la vitesse et le volume sonore vont sans cesse croissant, depuis un début d’humeur méditative, que le titre donnerait envie de qualifier de « planant », jusqu’à une conclusion beaucoup plus rythmée et conflictuelle, qui fait parfois penser à l’ironie déhanchée de l’Ebony concerto de Stravinski. De même, certaines tournures confiées au soliste ainsi que la présence, dans l’orchestre, de deux saxophones et d’une batterie font clairement allusion au jazz. L’écriture orchestrale, fondée sur un effectif assez fourni, privilégie souvent la juxtaposition de plusieurs lignes pas nécessairement convergentes plutôt que la lisibilité.


Dans le Premier concerto pour piano (1933) de Chostakovitch, c’est l’un des musiciens de l’Orchestre national, Marc Bauer, qui tient ensuite la partie de trompette obligée, avec une grande finesse, sans en accentuer le côté volontairement trivial. Le pianiste suédois Peter Jablonski, quant à lui, privilégie une approche distanciée qui met en valeur les aspects percussifs d’une œuvre qui tend ainsi vers Prokofiev.


Après la glace… le feu, avec la deuxième suite que Stravinski tira de son ballet L’Oiseau de feu, créée en avril 1919 sous la direction d’Ansermet. Mettant l’accent sur le caractère symphonique plus que sur la narration, Vänskä exclut tout romantisme (Berceuse, Ronde des princesses), tout alanguissement (Introduction, Finale), au profit d’une approche plus détaillée que spectaculaire. Il sera intéressant de voir ce que son compatriote Jukka-Pekka Saraste, à la tête de l’autre formation de Radio France, fera du ballet intégral, qui sera donné à la Cité de la musique le 12 octobre prochain.



Simon Corley

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com