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Anna Netrebko subjugue Orange

Orange
Théâtre antique
07/06/2025 -  
Giuseppe Verdi : Il trovatore
Aleksei Isaev (Il Conte di Luna), Anna Netrebko (Leonora), Marie‑Nicole Lemieux (Azucena), Yusif Eyvazov (Manrico), Grigory Shkarupa (Ferrando), Claire de Monteil (Ines), Vincenzo Di Nocera (Ruiz, Un messo), Stefano Arnaudo (Un vecchio zingaro)
Chœurs des Chorégies et de l’Opéra Grand Avignon, Stefano Visconti (préparation), Orchestre philharmonique de Marseille, Jader Bignamini (direction)


Y. Eyvazov, A. Netrebko (© Philippe Gromelle/Orange)


Les chants stridents des très nombreuses hirondelles qui virevoltaient au-dessus du Théâtre antique ont partiellement couvert les premiers accords du Trouvère dimanche soir à Orange. Le plein air n’est peut‑être pas l’idéal pour une soirée d’opéra, mais la majesté du lieu et le cadre absolument unique en son genre ont fait rapidement oublier les quelques désagréments. Ils ont dans tous les cas fait oublier les tempi tellement étirés choisis par le chef d’orchestre, Jader Bignamini, des tempi désespérément lents, qui ont gommé le feu, les flammes ainsi que le sentiment d’urgence si présents dans la partition de Verdi. Dans la fosse, l’Orchestre philharmonique de Marseille a néanmoins fait bonne impression par sa cohésion, son équilibre et sa précision. Et si la direction musicale, certes efficace à défaut d’être inspirée, a assuré cohérence et clarté, elle a manqué de cette étincelle qui aurait pu transcender l’œuvre.


C’est donc sur le plan vocal que la soirée a comblé les attentes. Et comment ! Grâce tout d’abord à la présence d’une Anna Netrebko en état de grâce dans le rôle de Leonora. Son entrée sur l’immense plateau du Théâtre antique, dans une superbe robe vert Véronèse avec une longue traîne, lui a permis d’entrée de jeu de capter toute l’attention du public. Sa maîtrise absolue de la voix, sa longueur de souffle, sa projection phénoménale, ses graves riches et capiteux, ses aigus éblouissants, ses vocalises précises et acérées comme des flèches et surtout ses pianissimi longuement tenus ont fait le reste, lui valant un triomphe sans partage, salué par des applaudissements nourris et des acclamations enthousiastes comme rarement entendus à Orange. Et pour les saluts finaux, c’est elle qui est arrivée en dernier, quand bien même l’opéra porte le nom du ténor. S’il fallait trouver un bémol dans la prestation de la chanteuse russe, c’est dans sa diction, souvent pâteuse, qu’il faut le chercher.


Yusif Eyvazov a brillamment incarné le personnage de Manrico, avec une énergie, une vaillance et un élan remarquables, notamment lors du da capo de « Di quella pira », où il a démontré une endurance époustouflante ainsi qu’une grande maîtrise vocale et une intensité dramatique palpable, malgré un timbre qui n’est pas des plus séduisants. Dans le rôle d’Azucena, Marie‑Nicole Lemieux est restée plutôt en retrait. Malgré une prestation solide, caractérisée notamment par un chant d’une forte expressivité, elle n’a pas réussi à atteindre le même niveau que ses collègues, donnant souvent l’impression d’être à la limite de ses possibilités vocales et se retrouvant parfois couverte par l’orchestre. Aleksei Isaev a composé un Comte de Luna d’une profonde noirceur, avec un timbre sombre et un volume puissant. Le Ferrando de Grigory Shkarupa a, pour sa part, impressionné par son magnifique legato. Les rôles secondaires ont tous été excellents, apportant une profondeur et une richesse supplémentaires à l’ensemble. Les Chœurs des Chorégies et de l’Opéra Grand Avignon ont également été remarquables, offrant une prestation équilibrée et engagée. En résumé, une grande soirée vocale à Orange.


Ce Trouvère a été donné une seule fois, en version concertante, avec simplement quelques images suggestives projetées sur le mur du Théâtre. Le second opéra programmé à Orange cette année, La Force du destin, n’aura droit, lui aussi, qu’à une seule représentation, sous forme de concert, difficultés budgétaires obligent. Les mises en scène feront leur retour l’année prochaine, a‑t‑on d’ores et déjà annoncé. Espérons‑le, car le cadre magique du Théâtre antique le mérite.


Le site des Chorégies d’Orange



Claudio Poloni

 

 

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