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Fantastique façon Hitchcock

Vienna
Konzerthaus
05/27/2025 -  et 22 mai (London), 1er (Köln), 3 (Heidelberg) juin 2025
Hector Berlioz : Le Corsaire, opus 21 – Symphonie fantastique, opus 14
Karol Szymanowski : Concerto pour violon n° 1, opus 35

Lisa Batiashvili (violon)
London Symphony Orchestra, Antonio Pappano (direction)


L. Batiashvili (© Chris Singer)


Quelle formidable entrée en matière que cette ouverture de Berlioz Le Corsaire ! Dès les premières flèches des cordes et interventions musclées des sections de vents, les musiciens de l’Orchestre symphonique de Londres donnent la pleine mesure du spectre sonore qu’ils sont capables de produire. Le flux musical est d’une limpidité exemplaire : les cordes, d’une cohésion rare, créent un effet tridimensionnel ; les cuivres, monolithiques mais sans dureté, combinent puissance et clarté ; la petite harmonie se distingue tant par sa finesse que par sa subtilité. Cette ouverture exubérante, tissée de contrastes – alternant épisodes de tension, accalmies et bouillonnements soudains – constitue une pièce de démonstration idéale, et certainement redoutable lorsque jouée à froid en amorce de concert, pour Antonio Pappano et son orchestre.


L’extravagance orchestrale de Berlioz trouve dans la Symphonie fantastique un terrain d’expression tout aussi propice. Pappano sculpte les unissons de cordes avec un soin méticuleux, imprimant à la scène de bal un allant qui pourrait frôler la sécheresse s’il n’était distillé avec tant d’élégance, laissant tout juste assez d’espace pour que les nuances s’y épanouissent. La « Scène aux champs », initialement un peu longue à se développer, renouvelle la charge émotionnelle aux moments opportuns. La « Marche au supplice » s’élance avec une souplesse rythmique admirable, construisant un momentum ininterrompu menant vers un « Songe d’une nuit au sabbat » dont la surenchère dynamique ne met jamais en péril la cohésion des pupitres. Cette science des sons distille le frisson avec une habileté souveraine et une exactitude hitchcockienne. Cela ne sent peut‑être pas l’opium comme le désirait un Charles Munch – cela reste au fond de la musique qui joue à faire peur – mais revêt plutôt un effroi glacial capable de se transmuer a tout instant.


L’orchestre offre un écrin chatoyant à la violoniste géorgienne Lisa Batiashvili dans le Premier Concerto de Szymanowski. Elle parcourt avec un parfait naturel cette œuvre, y dévoilant la sensualité charnelle et le coté rhapsodique de l’écriture, portés par le grain chaleureux de son instrument. On aurait pu cependant souhaiter une vision plus concertiste, assumant des choix interprétatifs plus extravertis, et une projection la détachant plus nettement de l’orchestre.


Cette tournée européenne se poursuit jusqu’en juin, proposant en alternance le Cinquième Concerto de Mozart ainsi que des œuvres de Richard Strauss.



Dimitri Finker

 

 

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