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Des effets visuels saisissants Geneva Grand Théâtre 05/06/2025 - et 7*, 9, 11 mai 2025 Mirage Damien Jalet (concept et chorégraphie), Kohei Nawa (concept et scénographie), Thomas Bangalter (musique)
Ballet du Grand Théâtre de Genève
Yukiko Yoshimoto (lumières), Kunihiko Morinaga (costumes), Aimilios Arapoglou (conseiller à la chorégraphie), Florent Dubois (vidéo), Nikolai Korypaev (assistant à la scénographie), Anna Sato (assistante aux costumes), Kehua Li (assistante à la chorégraphie)
 (© Rahi Rezvani)
D’après le dictionnaire, un mirage est, au sens propre, un phénomène optique produit pas la réfraction inégale des rayons du soleil, qui donne l’illusion que des objets apparaissent à des endroits où ils ne sont pas ; au sens figuré, c’est une illusion, une apparence trompeuse. Mirage, c’est aussi le titre du spectacle conçu par le chorégraphe Damien Jalet – qui s’est associé pour la quatrième fois au plasticien japonais Kohei Nawa – pour le Ballet du Grand Théâtre de Genève.
Une heure durant, des effets visuels proprement saisissants interpellent les spectateurs : que voit‑on véritablement sur scène ? Est‑ce la réalité ou une illusion ? Des fumigènes recouvrent lentement une paroi inclinée pour donner l’impression d’une vague puissante, à moins qu’il s’agisse tout simplement d’une avalanche qui submerge tout sur son passage. Puis des gouttes tombant des cintres se transforment en paillettes colorées venant recouvrir les danseurs, qui tout d’un coup se dédoublent. Un personnage est assis autour de ce qui pourrait être un feu de camp, mais les flammes qui montent au ciel ne seraient‑elles pas des gouttes d’eau ? A la fin du spectacle, on imagine que les danseurs, les uns derrière les autres, forment un énorme insecte, par exemple une chenille ou un mille‑pattes, mais le doute survient : ne s’agirait‑il pas plutôt d’une pirogue ? Quoi qu’il en soit, les images sont d’une beauté époustouflante et, on l’a dit, les effets visuels spectaculaires. Damien Jalet et Kohei Nawa se sont aussi interrogés sur les changements vécus par notre planète ces dernières années et sur les perspectives peu réjouissantes de notre extinction : si, au début de la soirée, les danseurs ont l’apparence d’êtres humains, à la fin ils sont devenus des mutants, presque des zombies. Thomas Bangalter, cofondateur de Daft Punk, signe la partie musicale du spectacle, avec des accompagnements et des bruits qui renforcent l’atmosphère psychédélique du ballet. Une formidable machine à images, à couper le souffle, quand bien même on reste un peu sur sa faim pour ce qui est de la danse et des mouvements des danseurs.
Claudio Poloni
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