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Autour des frères Fouchenneret

Normandie
Deauville (Salle Elie de Brignac‑Arqana)
04/19/2025 -  
Gabriel Fauré : Quatuor avec piano n° 2 en sol mineur, opus 45
Piotr Ilitch Tchaïkovski : Trio avec piano en la mineur, opus 50

Pierre Fouchenneret (violon), Lise Berthaud (alto), François Salque (violoncelle), Théo Fouchenneret (piano)


T. Fouchenneret, P. Fouchenneret, L. Berthaud , F. Salque
(© Stéphane Guy)



Au lieu du Quatuor avec piano de Camille Saint-Saëns programmé, le quatrième concert du vingt-neuvième festival de Pâques de Deauville s’est ouvert avec le Second Quatuor avec piano (1887) de Gabriel Fauré (1845‑1924), un compositeur de le même époque finalement. Les artistes s’en revenant de continents différents n’avaient pu le préparer convenablement et s’étaient rabattus sur une œuvre déjà à leur répertoire avait indiqué en début de concert Yves Petit de Voize, le directeur artistique du festival.


Bien leur en a pris. Les musiciens dominent la partition et en révèlent admirablement toute la finesse et l’élégance. C’est du pur Fauré. Ça ne se raccroche à rien. Le jeu racé des interprètes convient parfaitement à cette œuvre aussi monumentale qu’intense. On apprécie notamment les couleurs contrastées du Scherzo agrémenté de pizzicatos où le piano mène la course. Nous ne sommes pas les seuls. En l’absence de programme rectifié ou de simples photocopies du rappel des mouvements de l’œuvre, le public la croyant terminée se met à applaudir. Le mouvement qui suit, sommet expressif, parcouru par une cantilène ouverte par l’alto superlatif de Lise Berthaud, enthousiasme encore puisque le public se remet à applaudir. Le regard furieux du régisseur et tourneur de page Jean Frölich mettra cette fois un terme à ces manifestations intempestives. Le dernier mouvement ne sera pas moins réussi nonobstant sa longueur. Fortement contrapuntique, il est comme creusé par les quatre musiciens. Ils lui confèrent une sorte de fierté rayonnante sans que l’urgence de ses pages ne faiblisse.


La seconde partie du concert est, de même que la première, consacrée à une seule œuvre, l’immense Trio (1882) de Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840‑1893), « A la mémoire d’un grand artiste », en l’occurrence Nikolaï Rubinstein, fondateur et directeur du Conservatoire de Moscou et ami du compositeur, une œuvre d’une difficulté assez monstrueuse qui ne laisse aucun répit aux musiciens durant près de trois quarts d’heure. Au‑delà de la performance physique, qu’il faut saluer, les trois interprètes en livrent une version de haute tenue malgré quelques scories du côté du piano, sans conséquences, un vibrato un peu trop présent du côté du violon, et quelques soucis de cohérence au fur et à mesure que se déploie l’œuvre, d’une densité presque oppressante. Les cordes sont frémissantes et le piano prend des allures d’orgue sous les doigts de Théo Fouchenneret. La pudeur du violoncelle de François Salque n’est pas pour rien dans la réussite globale. Si la fugue des variations convainc un peu moins, la marche funèbre qui clôt la coda nous conduit même à pleurer avec les cordes. Quel magnifique travail ! A la fin, la musique comme les musiciens nous imposent un silence qu’on ose à peine briser avec des applaudissements. Il y a bien des rappels mais que peut‑on jouer après cela ?



Stéphane Guy

 

 

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